Une fois la dernière poche djihadiste vaincue, et les soldats américains partis, quelle organisation militaire en Syrie contre le groupe État islamique ? Les ministres de la Défense des pays de la coalition internationale en discutent vendredi à Munich.
Le temps presse. Les derniers combattants de l'EI sont acculés dans un territoire d'un kilomètre carré dans l'est syrien, sous le feu des forces arabo-kurdes (FDS), soutenues par la coalition dont les Américains sont de très loin les premiers contributeurs. La défaite de l'EI, imminente, déclenchera le retrait des troupes américaines des zones contrôlées par les Kurdes. Et elle redistribuera les cartes entre les différents acteurs du conflit syrien.
Quelles questions lors de ces discussions ?
Après le départ américain, éviter des résurgences de l'EI. "Le retrait annoncé des troupes américaines de Syrie sera évidemment au cœur des discussions" à Munich, explique le ministère français des Armées. "La France réitérera sa position : lorsque le pseudo-califat n'aura plus aucun territoire, la communauté internationale devra s'assurer qu'aucune résurgence ou métamorphose de Daech ne s'opère en Syrie ou ailleurs", fait valoir Paris. La perspective du retrait américain fait craindre une dispersion des combattants étrangers de l'EI et la réapparition de cellules en Syrie.
Quel avenir pour les Kurdes ? Autre enjeu majeur : l'avenir des zones contrôlées par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), une fois disparu le bouclier américain. La Turquie, qui qualifie l'YPG de groupe terroriste, va-t-elle attaquer ses ennemis kurdes ? Damas, qui réclame la fin de l'autonomie kurde dans cette zone, va-t-il reprendre la main avec ses alliés iraniens et russes ?
Quelles propositions pour l'avenir de la Syrie ?
Une "force d'observateurs" au nord-est de la Syrie... Washington a en tête l'installation d'une "force d'observateurs" composée de ses alliés dans une zone tampon dans le nord-est de la Syrie. Avec un double objectif : éviter un assaut de l'armée turque contre les Kurdes syriens, et empêcher des cellules djihadistes de se reconstituer dans la région.
"Clairement, la coalition, avec ses ressources et ses capacités, est une option", a affirmé le secrétaire américain à la Défense. Il résume ainsi la position américaine : nos soldats quittent le terrain, mais nos alliés peuvent rester pour éviter que la situation dérape.
... une mauvaise idée pour la France. L'idée est fraîchement accueillie par Paris, qui contribue aux opérations de la coalition à hauteur de 1.200 hommes (artillerie, forces spéciales, frappes aériennes et formation de l'armée irakienne). "Nous sommes aujourd'hui dans l'interrogation sur cette zone tampon : qui en assurerait la surveillance, qui en seraient les garants, quels en seraient les contours, quelles garanties offrirait-elle aux Forces démocratiques syriennes, aux populations kurdes ?", commentait mercredi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Le retrait américain, "un point positif" pour Poutine. Les décisions de la coalition seront scrutées par la Turquie, la Russie et l'Iran, dont les présidents se sont réunis à Sotchi jeudi pour discuter des conséquences du plan américain de retrait des régions nord-est de la Syrie. "Notre point de vue commun est que la réalisation de cette étape serait un point positif qui aiderait à stabiliser la situation", a fait valoir le président russe Vladimir Poutine.