Syrie : plusieurs pays européens suspendent l'examen des demandes d'asile de réfugiés, la France l'envisage
Alexandre Chauveau
Plusieurs pays européens ont annoncé lundi suspendre l'examen des demandes d'asile de réfugiés syriens, au lendemain de la chute du régime de Bachar al-Assad. De son côté, la France réfléchit également à suspendre l'examen des "dossiers d'asile en cours".
Les autorités suédoises ont annoncé lundi qu'elles allaient suspendre l'examen des demandes d'asile de réfugiés syriens ainsi que leurs expulsions, au lendemain de la chute de Bachar al-Assad en Syrie. "Compte tenu de la situation, il n'est tout simplement pas possible d'évaluer les motifs de protection à l'heure actuelle", a déclaré Carl Bexelius, responsable des affaires juridiques à l'office national suédois des Migrations dans un communiqué. La décision formelle sera prise mardi. Une pareille initiative a été prise par d'autres pays : l'Autriche, l'Allemagne, le Danemark et la Norvège.
La France réfléchit à suspendre l'examen des dossiers d'asile provenant de Syrie
D'après les informations d'Europe 1, le ministère de l'Intérieur travaille également sur une suspension de l'examen des "dossiers d'asile en cours provenant de Syrie, sur le même modèle que ce que fait l'Allemagne". Le gouvernement souhaite mettre "un frein sur l'avalanche d'appels sur les demandes d'asile de Syriens", après la chute du régime de Bachar al-Assad. Une décision devrait être officialisée dans les prochaines heures.
Danemark et Norvège suspendent l'examen des demandes d'asile de réfugiés syriens
Le Danemark et la Norvège ont annoncé lundi qu'ils suspendaient l'examen des demandes d'asile de réfugiés syriens. La commission de recours des réfugiés danoise "a décidé de suspendre le traitement des dossiers concernant des personnes en provenance de Syrie en raison de la situation très incertaine dans le pays après la chute du régime Assad", a-t-elle écrit dans un communiqué. La décision concerne actuellement 69 cas, a-t-elle précisé. Elle a également "décidé de reporter la date limite de départ pour les personnes en mesure d'être expulsées vers la Syrie", ce qui concerne 50 cas, a-t-elle précisé.
De son côté, la Norvège a également décidé de suspendre l'examen des dossiers de réfugiés syriens, dans l'attente d'une stabilisation de la situation. "La situation dans le pays reste très floue et non résolue", écrit le directorat norvégien de l'immigration (UDI) dans un communiqué. La suspension de l'examen des dossiers signifie que l'UDI "ne rejettera ni n'accordera les demandes d'asile des Syriens qui ont demandé l'asile en Norvège, pour le moment", précise l'organisation sans donner le nombre de dossiers concernés.
L'Allemagne suspend les décisions sur les demandes d'asile de Syriens
L'Allemagne, pays de l'UE qui accueille la plus importante diaspora syrienne, a suspendu les décisions sur les demandes d'asile en cours d'exilés syriens, a annoncé lundi la ministre de l'Intérieur allemande. Étant donné "l'incertitude actuelle", l'Office fédéral de l'immigration et des réfugiés a "décrété aujourd'hui un gel des décisions pour les procédures d'asile actuellement encore en cours" des migrants syriens, a déclaré Nancy Faeser dans un communiqué.
"La fin de la tyrannie brutale du dictateur syrien Assad est un grand soulagement pour de nombreuses personnes qui ont souffert de la torture, du meurtre et de la terreur", a estimé la ministre. De nombreux Syriens qui ont trouvé refuge en Allemagne depuis la grande crise migratoire des années 2015-2016 "ont désormais enfin l'espoir de retourner dans leur patrie syrienne et de reconstruire leur pays", ajoute-t-elle.
L'Autriche suspend les demandes d'asile des réfugiés syriens et prépare leur "expulsion"
Les autorités autrichiennes ont annoncé lundi suspendre les demandes d'asile des réfugiés de ce pays et préparer "un programme d'expulsion". "À partir de maintenant, l'ensemble des procédures en cours vont être stoppées", a déclaré le ministère de l'Intérieur autrichien dans un communiqué. Le cas de ceux qui se sont déjà vu accorder l'asile va également être réexaminé. Le regroupement familial est de même suspendu.
"Dans ce contexte, j'ai chargé le ministère de préparer un programme de rapatriement et d'expulsion vers la Syrie", a ajouté le ministre de l'Intérieur Gerhard Karner. "La situation politique en Syrie a fondamentalement changé, avec une soudaine accélération des événements ces derniers jours", a souligné le ministère, jugeant "important de réévaluer la situation".