La France assumera "toutes ses responsabilités" après l'attaque chimique présumée perpétrée samedi en Syrie, a déclaré dimanche le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, alors que Paris a plusieurs fois dit qu'elle frapperait militairement en cas d'usage avéré d'armes chimiques.
Exprimant son "extrême préoccupation", Jean-Yves Le Drian a ajouté que la France "assumera toutes ses responsabilités au titre de la lutte contre la prolifération chimique. Elle demande que le Conseil de sécurité des Nations unies se réunisse dans les meilleurs délais pour examiner la situation dans la Ghouta orientale", selon une déclaration transmise à la presse. La diplomatie française a par ailleurs indiqué que Paris demande une réunion en urgence lundi au Conseil de sécurité.
Trump veut faire "payer le prix fort" à Damas. Les Casques Blancs, des secouristes en zones rebelles, un groupe insurgé ainsi que l'opposition en exil ont accusé le régime syrien d'avoir mené une attaque chimique samedi à Douma, non loin de Damas, faisant des dizaines de victimes. Le gouvernement syrien et ses soutiens ont démenti la responsabilité des forces gouvernementales, tandis que le président américain Donald Trump a dit vouloir faire payer "le prix fort" à Bachar al-Assad, qu'il tient responsable de cette attaque. "De nombreux morts, y compris des femmes et des enfants, dans une attaque CHIMIQUE insensée en Syrie", s'est alarmé le président américain sur Twitter, réclamant par ailleurs "d'ouvrir immédiatement la zone pour l'aide médicale et des vérifications".
Many dead, including women and children, in mindless CHEMICAL attack in Syria. Area of atrocity is in lockdown and encircled by Syrian Army, making it completely inaccessible to outside world. President Putin, Russia and Iran are responsible for backing Animal Assad. Big price...
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 8 avril 2018
Dimanche, la Turquie a condamné avec vigueur l'"attaque aux armes chimiques", ajoutant qu'elle soupçonnait "fortement" le régime syrien d'en être responsable.
Vérifier la "nature de ces frappes". Emmanuel Macron a à plusieurs reprises déclaré que toute utilisation avérée d'armes chimiques donnerait lieu à une riposte militaire française. Une telle opération pourrait se faire avec les forces américaines, mais aussi de manière autonome, avait déclaré mi-mars le chef d'état-major français, le général François Lecointre. Pour l'heure, "la France s'emploie activement, en liaison avec ses alliés et les organisations internationales concernées, à vérifier la réalité et la nature de ces frappes" supposées, a déclaré Jean-Yves Le Drian dans son communiqué, rappelant que "l'usage d'armes chimiques est un crime de guerre et une violation du régime international de non-prolifération".
"Un complot", selon l'Iran. C'est un nouveau "complot" contre le régime de Bachar al-Assad, a affirmé dimanche l'Iran, qui soutien Damas. "De telles allégations et accusations par les Américains et certains pays occidentaux sont le signe d'un nouveau complot contre le gouvernement et le peuple syriens, et un prétexte pour une action militaire, qui va certainement compliquer davantage la situation dans ce pays et la région", selon un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères. "Alors que l'armée syrienne a le dessus sur le terrain face aux terroristes armés, l'utilisation d'armes chimiques ne serait pas rationnelle de sa part", poursuit le communiqué publié sur le compte Telegram du porte-parole de la diplomatie iranienne, Bahram Ghassemi.
Il faisait référence à l'offensive lancée le 18 février par le régime syrien sur l'enclave rebelle dans la Ghouta orientale près de Damas, reconquise à 95% par les forces gouvernementales.
Le régime de Bachar al-Assad et son allié russe ont tous deux démenti une attaque chimique à Douma.
Une réunion en urgence lundi du Conseil de sécurité de l'ONU
Sous l'impulsion de la France, neuf pays ont demandé une réunion urgente lundi à 20h, heure de Paris, du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'attaque chimique présumée samedi à Douma en Syrie, a-t-on appris dimanche de sources diplomatiques. La demande de cette réunion est signée de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni, du Koweït, de la Suède, de la Pologne, du Pérou, des Pays-Bas et de la Côte d'Ivoire, a-t-on précisé de mêmes sources.