Syrie : va-t-on assister à une vengeance des sunnites sur les chiites et les alaouites ?
Vendredi 13 décembre, Abou Mohammad al-Jolani, le chef de la coalition armée, avait lancé un appel à la population à descendre en masse dans les rues pour fêter "la victoire" des rebelles. Malgré cette effervescence collective, les membres des minorités chiites et alaouites, dans lesquelles le régime syrien recrutait ses soldats et miliciens, craignent le pire.
Des milliers de Syriens étaient dans les rues hier pour célébrer la chute de Bachar el-Assad. Cinq jours après la fin du régime, tous répondaient à l'appel du chef de la coalition qui a pris le pouvoir à Damas. L'ambiance était à la fête. Beaucoup de drapeaux à trois étoiles ont été brandis, symbole du soulèvement de 2011. Et pourtant, l'arrivée d'islamistes à majorité sunnite au pouvoir inquiète certaines minorités.
La "balle est dans le camp des nouvelles autorités"
Alors que la Syrie est désormais au main du Hayat Tahrir al-Cham, un groupe principalement constituée par des islamistes radicaux, les chiites et les Alaouites s'inquiètent d'être persécutés. Situation qui pourrait arriver, selon le général Jérome Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale.
"Il ne faut pas l'exclure, et notamment des règlements de comptes, puisque l'on sait que c'était en fait les alaouites et les chiites qui contrôlaient en partie le pays. Donc, il n'est pas exclu qu'il y ait des règlements de comptes, une épuration sauvage", détaille-t-il, rappelant que "la balle est dans le camp des nouvelles autorités qui se proclament sunnites", pour démontrer leur bonne volonté et le souci de conserver une certaine unité du pays".
Là encore, la vigilance est de mise. "Il faut rester prudent, parce qu'entre les déclarations des uns et la réalité sur le terrain, il peut toujours y avoir une différence. Et en particulier, je dirais, loin du regard des caméras des journalistes", conclut-il.