Un célèbre rappeur tanzanien a annoncé avoir été arrêté dimanche par la police à cause de l'une de ses chansons critiquant le pouvoir du président John Magufuli. "C'est la vérité, je suis aux arrêts. En ce moment, je suis en train d'être emmené au commissariat de police de Mvomero. J'aime tous les Tanzaniens", a écrit sur son compte Instagram Emmanuel Elibariki, connu sous le nom "Nay wa Mitego" et dont les vidéos sur YouTube sont vues par des milliers de fans.
La police a confirmé l'arrestation. Le jeune auteur-compositeur, réputé pour son répertoire de chansons politiques, a été arrêté dans un hôtel de Morogoro, à environ 190 kilomètres de la capitale économique Dar es Salaam. La police a confirmé cette arrestation. "Il a été arrêté pour avoir sorti une chanson avec des mots qui dénigrent le gouvernement; son dossier est ouvert à Dar es Salaam", a indiqué le commandant de la police pour la région de Morogoro, Ulrich Matei, au journal Mwananchi. Il a précisé que le rappeur serait emmené jusqu'à Dar es salaam.
Une massue "offerte à un fou". Dans une chanson sortie la semaine dernière, Emmanuel Elibariki chante en swahili : "Qui êtes-vous maintenant ? Ne voulez-vous pas entendre de conseil ? Ne voulez-vous pas être critiqué ?", interpellant une personne qu'il surnomme "le docteur spécialiste de la crevaison des abcès". Cette expression est régulièrement utilisée par John Magufuli pour rappeler aux Tanzaniens qu'il n'hésitera jamais à "crever les abcès", autrement dit limoger ceux qui ne mettent pas en oeuvre sa politique ou n'obéissent pas à ses ordres. "Je constate qu'une massue a été offerte à un fou", ajoute le rappeur dans la même chanson, faisant allusion cette fois-ci au gouverneur de Dar es Salaam, Paul Makonda.
Intrusion dans une radio télé privée. John Magufuli a limogé jeudi dernier son ministre de l'Information qui venait de critiquer l'intrusion musclée de Paul Makonda dans les studios d'une radio-télévision privée. Le 17 mars, Paul Makonda, nommé à son poste par le président il y a un an, avait fait irruption avec six hommes armés et en uniforme dans les locaux de Clouds FM, intimant l'ordre à la rédaction de diffuser une vidéo. La rédaction avait refusé.