Le ministre allemand des Finances Olaf Scholz plaide pour une imposition minimale partout des bénéfices de multinationales, en visant les géants américains du numérique, au moment où Paris veut accélérer le pas pour les taxer en Europe.
Un impôt auquel aucun Etat ne peut se soustraire. "Nous avons besoin d'un taux d'imposition minimum valable dans le monde entier et dont aucun Etat ne puisse se soustraire", déclare dimanche le ministre social-démocrate dans une tribune publiée par le journal "Welt am Sonntag". Le ministre du gouvernement Merkel vise en particulier les juteux bénéfices réalisés par les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et autres plateformes numériques comme YouTube ou Airbnb qui échappent grandement aux fiscs de pays où ils exercent principalement leur activité.
"Empêcher le déplacement des revenus dans les paradis fiscaux". Le numérique "aggrave un problème que nous connaissons bien avec la mondialisation et que nous essayons de contrecarrer : la localisation des bénéfices vers des contrées fiscalement avantageuses", explique le ministre. Olaf Scholz explique avoir lancé une initiative pour aider les Etats à réagir au dumping fiscal d'autres États, en s'appuyant sur les travaux de l'OCDE sur le sujet. "Nous avons besoin de mécanismes coordonnés qui empêchent un déplacement des revenus dans les paradis fiscaux", plaide-t-il, jugeant aussi que l'UE accuse un retard en la matière.
Un climat de tension dans les relations commerciales internationales. La proposition de Olaf Scholz intervient en pleines tensions commerciales internationales avec les Etats-Unis, alors que Berlin aurait à craindre un retour de bâton américain visant notamment l'automobile allemande en cas d'attaque frontale contre des emblèmes de la Silicon Valley. L'Allemagne a déjà affiché sa réticence face au projet français visant à taxer les GAFA à hauteur de 3% des revenus tirés de certaines activités, en particulier la publicité et la revente de données personnelles.
Un projet qui doit aboutir "fin 2018". Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a affirmé jeudi qu'il se rendrait dans les prochains jours au Parlement Européen, à Strasbourg, pour appeler tous les Etats européens à s'engager sans délai dans la mise en oeuvre d'une taxation des géants du numérique. Berlin et Paris s'étaient engagés en juin à voir aboutir ce projet fin 2018. La proposition actuellement en débat, présentée en mars par la Commission européenne, prévoit une taxe sur le chiffre d'affaires des géants du net, le temps qu'une solution soit négociée à l'échelle mondiale au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).