Il chasse sur les mêmes terres que Donald Trump. Ted Cruz, 45 ans, candidat à l’investiture aux primaires républicaines est un rival de poids pour le milliardaire newyorkais. Si pendant des mois les deux hommes se sont gardés de toute attaque, la guerre est désormais officiellement ouverte, à moins de deux semaines du caucus de l’Iowa. Et Donald Trump a de quoi être inquiet. Ted Cruz a pris un léger avantage dans les intentions de vote des républicains dans l'Iowa, avec 31% contre 27%.
Un solide ancrage politique. Les deux hommes cultivent, à la fois, leurs ressemblances et leurs différences. Si idéologiquement ils se positionnent tous deux sur les mêmes créneaux ultra-conservateurs, leurs personnalités sont diamétralement opposées.
D’un côté, il y a le politique : Ted Cruz, brillant avocat, né d’un père cubain et d’une mère américaine, élu au Sénat en 2012 (grâce au soutien de Sarah Palin, aujourd’hui ralliée à Donald Trump) ; de l’autre, le businessman newyorkais, bruyant et outrancier, qui n’a jamais eu de mandat. Et c’est ce dernier point qui pourrait avantager Ted Cruz.
" Ted Cruz est en fait tapis dans l’ombre de Trump pour récupérer ses voix "
Le sénateur du Texas est perçu comme un franc-tireur. "Il est à la fois anti-establishment, mais en même temps, il est sénateur", souligne François Durpaire, historien spécialiste des Etats-Unis. Un paradoxe qui séduit et rassure les financeurs de sa campagne. Son ancrage au Sénat lui donne une légitimité politique qui se révélera sans doute précieuse face à Hillary Clinton, probable candidate du camp démocrate à la Maison-Blanche.
Ménager son ennemi. "Ted Cruz est en fait tapis dans l’ombre de Trump pour récupérer ses voix, si ce dernier ne va pas jusqu’au bout de la campagne", estime le spécialiste des Etats-Unis. Des voix qui pourraient donc mener Ted Cruz vers la Maison-Blanche, et qu’il ménage en s’employant à ne pas trop critiquer Donald Trump. "Ce qui peut rester de Donald Trump, à la fin de cette primaire : c’est Ted Cruz", ironise l’historien.
Car politiquement, le sénateur du Texas saura séduire l’électorat de son rival. Tout d’abord, il est le candidat le plus à droite de cette élection. "Tous ses curseurs sont conservateurs : il est contre le mariage gay, contre l’avortement, pour le port d’arme sans aucune restrictions et pour la peine de mort. En matière de politique étrangère, il est pour l’intervention des Etats-Unis. Il a d’ailleurs vivement critiqué Obama pour sa "non-gestion", selon lui, du dossier syrien", précise François Durpaire.
Le porte-flambeau de la droite religieuse. Deuxième atout fort pour l’ancien avocat, son positionnement sur la religion. Ted Cruz est le porte-flambeau de la droite religieuse. "C’est un baptiste, qui va donc pouvoir s’appuyer sur l’électorat baptiste du sud des Etats-Unis, dans les Etats importants", estime l’historien, qui prévient qu’une partie de l’électorat d’un autre républicain, Ben Carson, pourrait lui aussi se tourner vers Cruz au moment de ces primaires.