Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, critique l'"extrémisme" dont font part selon lui les pays de l'Union européenne vis-à-vis de l'Iran, dans un entretien publié lundi, quelques heures avant une rencontre avec son homologue français à Téhéran.
Une politique jugée "nuisible". "Pour conserver les États-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien, les pays européens sont atteints d'extrémisme et celui-ci nuira en fin de compte à la politique de l'Europe", déclare Mohammad Javad Zarif dans un entretien publié par le journal réformateur Etemad. Le ministre iranien doit rencontrer lundi à la mi-journée le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian. Celui-ci a l'intention de demander à la République islamique des gages sur son programme balistique et ses ambitions régionales afin de tenter de sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont les États-Unis menacent de se retirer.
L'accord nucléaire "violé". Mais "toute action pour satisfaire la partie qui a le plus violé l'accord nucléaire est inutile", prévient Mohammad Javad Zarif dans l'entretien à Etemad. "À l'heure actuelle, deux groupes ont violé l'accord nucléaire : les États-Unis et les Européens. Les Américains en raison de la politique de Washington et les Européens en raison de la politique des États-Unis", dit-il. "Les Européens, en raison de la politique des États-Unis, n'ont pas pu tenir leurs engagements, en particulier dans le domaine bancaire. Par conséquent, ces deux groupes ne sont pas en situation de fixer des conditions pour le pays qui a entièrement appliqué ses engagements", ajoute le ministre iranien.
Des griefs à l'encontre de l'Occident. Alors que Paris accuse l'Iran de visées "hégémoniques" au Proche et au Moyen-Orient, Mohammad Javad Zarif rappelle les griefs de la République islamique à l'encontre de l'Occident et met en garde les Européens. Il dénonce le soutien apporté par l'Ouest à l'Irak contre l'Iran pendant la guerre ayant opposé ces deux pays de 1980 et 1988 et le soutien politique et militaire qu'apportent aujourd'hui les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne à "l'agresseur" qu'est l'Arabie saoudite dans le conflit au Yémen.