L'assassinat du général iranien Qassem Soleimani, tué vendredi dans un raid américain, fait craindre une nouvelle escalade entre l'Iran et les États-Unis. Mais avec cette attaque contre l'une des principales figures du régime iranien, que cherche Donald Trump ? Nicole Bacharan, spécialiste des États-Unis, estime que la stratégie du président américain "est peu lisible". "La stratégie de Donald Trump est très peu lisible. Cela va dans un sens, puis dans l’autre. Le retrait de Syrie a ouvert la place à l’Iran, et le passage de l’Iran jusqu’au Hezbollah libanais pour transporter des missiles", analyse la politologue, invitée samedi soir sur Europe 1.
"Comment Donald Trump peut-il dire qu’il veut arrêter une guerre ? La guerre, à bas bruit, a déjà lieu. Si on suit son point de vue depuis qu’il s’est retiré de l’accord sur le nucléaire iranien, c’est de négocier un accord de contrôle sur le nucléaire plus dur qu’avant."
"C'est exactement ce que souhaite l'Iran"
La mort du général Soleimani pourrait même faire le jeu de l'Iran, poursuit Nicole Bacharan. "Personne ne va pleurer la mort du général Soleimani. Mais là, Donald Trump rend impossible au régime iranien de faire la moindre concession. Ce qui se passe immédiatement, c’est que les Américains quittent l’Irak, que ce soit les diplomates ou ceux qui travaillent dans le pétrole. C’est exactement ce que souhaite l’Iran", explique la politologue. "En quoi cela peut-il nous mener à des négociations sur le nucléaire iranien ? Je ne le vois pas. L’accord est en pratique mort, les Européens sont impuissants. Je ne vois pas ce qui peut empêcher les Iraniens de reprendre l’enrichissement d’uranium".
"Donald Trump n’agit jamais sans penser à sa réélection"
"S’il ne se passe pas grand-chose, Donald Trump pourra toujours se targuer d’avoir éliminé un fauteur de troubles du terrorisme. Mais il avait promis de ramener les soldats à la maison, alors que là il renvoie 4.000 militaires supplémentaires. Il peut faire le chef de guerre qui n’a peur de personne, mais il risque de trahir sa promesse de ne plus engager les États-Unis dans une guerre sans fin", juge Nicole Bacharan. "Donald Trump n’agit jamais sans penser à sa réélection. Tous les élus le font, mais à ce degré c’est quand même très rare", conclut-elle.