Le 117e jour de la guerre en Ukraine marque également la journée mondiale des réfugiés. L'occasion de parler des Ukrainiens arrivés en France au début de l'invasion russe, le 24 février dernier. Ils sont entre 85.000 et 100.000 sur le territoire français. Au total, six millions d'Ukrainiens ont déjà quitté leur pays. Depuis quelques semaines, nombreux font le chemin retour, tout particulièrement les habitants de l'Ouest du pays, plus épargné.
Pas une minute sans penser à l'Ukraine
Ania est arrivée à Paris le 28 février depuis Lviv avec sa mère et son fils. Ils sont depuis logés chez des amis de longue date. Si leur date de départ n'est pas tout à fait fixée, l'objectif d'Ania est clair : que son fils fasse sa rentrée en septembre en Ukraine. Il est même déjà inscrit à l'école là-bas.
"Je suis là physiquement, mais mon cœur et toutes mes pensées sont en Ukraine", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "Je pense qu'il n'y a pas une minute où je ne pense pas à l'Ukraine." Reconstruire son pays, réunir sa famille… Les raisons du retour prochain de cette professeure de français de 36 ans, sont multiples.
Initialement, ils sont arrivés avec trois sacs à dos. "Dedans, on avait juste des affaires pour quelques jours", raconte Ania. "Pour rentrer, je pense qu'on aura plus que trois sacs à dos quand même", plaisante-t-elle, en référence aux nombreux dons reçus, dans les semaines suivant leur arrivée.
"Pas meilleur endroit sur terre que la maison"
Pour l'heure, aucune idée de l'endroit où ils poseront à nouveau leurs bagages à Lviv. Leur appartement est actuellement occupé par des amis d'amis, venus de l'Est se réfugier. Pour Ostap, le fils d'Ania, bientôt six ans, un autre manque se fait sentir : son père, et ses cousins, restés sur place. Son père, Taras, le mari d'Ania, va essayer de venir brièvement cette semaine, pour fêter son anniversaire.
De son côté, Irena, la mère d'Ania, a aussi hâte de revenir, même si elle se sent "très bien ici". Pour autant, elle souhaite "rentrer parce qu'il n'y a pas meilleur endroit sur terre que la maison" : "C'est la forteresse, c'est là où tu te sens bien."
Ce retour au pays promet aussi des séparations douloureuses. La femme de 60 ans s'est énormément attachée aux deux filles de leur famille d'accueil, au point de les considérer désormais comme ses petites filles. Thomas, le père de famille et ami de 25 ans d'Ania, ne préfère pas y penser, évoquant "un vide". Il sait en revanche que ce sera pour le mieux : "Le jour où ils repartiront, on fera une très belle fête parce que ce jour-là, c'est que la situation se sera calmée en Ukraine."