Donald Trump doit dire vendredi au plus tard au Congrès américain qui il juge responsable de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, une échéance qui pourrait relancer le débat sur le rôle du prince héritier d'Arabie saoudite dans cette affaire. Mais le département d'Etat américain a semblé jeudi minimiser cette date-butoir pourtant prévue par la loi, assurant seulement vouloir "continuer à travailler avec le Congrès" dont il partage "l'indignation".
Que l'Arabie Saoudite "poursuive ses investigations". Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'est lui entretenu jeudi à Washington avec le ministre d'Etat saoudien aux Affaires étrangères Adel al-Jubeir. Les deux hommes "sont convenus de l'importance de voir l'Arabie saoudite poursuivre ses investigations" de "manière transparente" pour que "toutes les personnes impliquées rendent des comptes", selon le département d'Etat.
Le 2 octobre, Jamal Khashoggi, critique du régime saoudien qui collaborait notamment avec le Washington Post et résidait aux Etats-Unis, a été tué et démembré dans le consulat de son pays à Istanbul par des agents saoudiens venus depuis Ryad.
Un délai de 120 jours qui expire vendredi. Le 10 octobre, un groupe de sénateurs américains, républicains et démocrates, ont activé une loi qui oblige Donald Trump à dire au Congrès, dans un délai de 120 jours qui prend fin vendredi, quels ressortissants étrangers il considère responsable de cet assassinat, et à prendre, le cas échéant, des sanctions à leur encontre. Interrogé sur cette obligation, le porte-parole de la diplomatie américaine Robert Palladino a répondu jeudi que le gouvernement américain avait déjà sanctionné mi-novembre 17 responsables saoudiens. "Je n'ai rien à ajouter aujourd'hui", a-t-il dit.
Aucun haut dirigeant parmi les personnes sanctionnées. Or parmi ces 17 personnes sanctionnées, aucun haut dirigeant saoudien n'a été mis en cause, alors que le Sénat américain, pourtant contrôlé par le camp républicain du président, a adopté par consentement unanime une résolution jugeant le prince héritier Mohammed ben Salmane "responsable" du meurtre. L'administration Trump affirme ne pas disposer de preuve irréfutable de son implication directe, bien que les sénateurs, après avoir été informés à huis clos des conclusions de la CIA, aient assuré avoir été confortés dans leur mise en cause de celui que l'on surnomme "MBS".
"MBS", prêt à utiliser "une balle" contre Khashoggi. Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a affirmé en 2017 qu'il irait jusqu'à utiliser "une balle" contre le journaliste Jamal Khashoggi si ce dernier ne cessait pas ses critiques contre le royaume, affirme jeudi le New York Times. Le quotidien cite des responsables(actuels et anciens) américains et étrangers au fait de rapports du renseignement, d'après qui celui qui est surnommé "MBS" a tenu ces propos lors d'une conversation avec l'un de ses proches, Turki Al-Dakhil. La conversation a été interceptée par les services de renseignement américains, qui sont en train de passer au peigne fin plusieurs années de communications téléphoniques et par SMS du prince, affirme le New York Times. Dans l'échange, Mohammed ben Salmane affirme que si Jamal Khashoggi ne rentrait pas en Arabie de son plein gré, alors il faudrait le faire revenir de force, et le prince dit être prêt à le faire "avec une balle", selon les responsables cités par le journal.