Donald Trump "est un raciste. C'est un escroc. C'est un tricheur", a asséné l'ancien avocat personnel du président des États-Unis, Michael Cohen, en ouverture de son témoignage explosif mercredi devant le Congrès américain, dont le texte avait été révélé mardi par le New York Times.
"J'ai honte". Sa longue déclaration dresse un portrait ravageur de l'homme d'affaires devenu 45ème président des États-Unis, pour qui Michael Cohen, 52 ans, a commencé à travailler en 2007. La voix tremblante, Michael Cohen a parlé de sa famille, s'excusant d'avoir mal agi au service de Donald Trump. "Je regrette toute l'aide et tout le soutien que je lui ai apportés", "j'ai honte d'avoir choisi d'aider à cacher les actes illicites de M. Trump plutôt que d'écouter ma propre conscience" et "j'ai honte parce que je sais qui est M. Trump", a-t-il dit.
Le ton a vite été donné devant la commission d'enquête de la Chambre des représentants, à Washington. L'air sérieux, les traits tirés, Michael Cohen a affirmé que Donald Trump connaissait à l'avance les révélations de WikiLeaks sur sa rivale Hillary Clinton.
Des "soupçons" sur une collusion avec la Russie. "On s'est demandé si j'avais connaissance de preuves directes démontrant que M. Trump, ou son équipe de campagne, avait comploté avec la Russie. Je n'en ai pas. Je veux être clair. Mais j'ai des soupçons", a déclaré Michael Cohen.
Il a aussi expliqué comment il avait reçu pour instruction de son ex-patron de mentir sur un projet de construction d'une Trump Tower en Russie en pleine campagne présidentielle de 2016. "Lors de conversations que nous avons eues durant la campagne, alors même que je négociais en Russie pour lui, il me regardait dans les yeux et me disait qu'il n'y avait aucun projet en Russie puis sortait et mentait aux Américains en répétant la même chose". "À sa façon, il me disait de mentir", a-t-il dit.
Paiements à des maîtresses présumées. Michael Cohen a également présenté aux parlementaires "une copie du chèque" venant, selon lui, du compte personnel de Donald Trump et que ce dernier avait signé après être devenu président, en janvier 2017, pour lui rembourser le paiement effectué à Stormy Daniels. Michael Cohen avait expliqué avoir payé 280.000 dollars (246.000 euros) cette ancienne actrice pornographique et une ex-playmate du nom de Karen McDougal pour éviter qu'elles ne nuisent à la réputation du candidat Trump pendant la campagne.
Trump raciste ? "Bien pire" que ce que l'on pense. À propos du racisme, Michael Cohen affirme que Donald Trump "est bien pire" que ce qu'il a donné à voir. "Une fois, il m'a demandé si je pouvais nommer un pays dirigé par une personne noire qui ne soit pas un 'pays de merde'. À l'époque Barack Obama était président des États-Unis". "On était un jour en voiture et on traversait un quartier difficile de Chicago, il a dit que seuls des noirs pouvaient vivre ainsi", a-t-il ajouté. "Et il m'a dit que les noirs ne voteraient jamais pour lui parce qu'ils étaient trop stupides."
Un prétexte pour éviter le Vietnam. Donald Trump aurait prétexté une fausse excuse médicale - une pseudo excroissance osseuse au pied - pour éviter d'être envoyé combattre au Vietnam, a également affirmé Michael Cohen. "M. Trump a justifié (cette exemption) par une excroissance osseuse, mais quand je lui ai demandé son dossier médical, il ne m'a rien donné et m'a répondu qu'il n'avait pas été opéré". "Tu penses que je suis idiot ? Je n'allais quand même pas aller au Vietnam", aurait également déclaré Donald Trump.
Il dit avoir connaissance d'autres actes sous enquête impliquant Trump. Ce n'est pas tout. Un membre démocrate de la commission a en effet demandé à Michael Cohen : "Y a-t-il d'autres malversations ou actes illégaux liés à Donald Trump dont vous ayez connaissance et que nous n'avons pas encore évoqués aujourd'hui ?". Et l'ex-avocat a répondu sans hésiter : "Oui, et encore une fois, ceux-ci font partie de l'enquête actuellement menée par" un tribunal fédéral de New York, qui a donc demandé à Michael Cohen de ne pas en parler publiquement. L'élu démocrate venait de l'interroger sur le contenu de sa dernière conversation avec Donald Trump ou un associé. "Malheureusement, ce sujet fait actuellement l'objet d'une enquête par le district sud de New York et ils m'ont demandé de ne pas parler de ces sujets", avait-il répliqué.
Selon Trump, "il ment". Depuis mardi et une première audition, la Maison-Blanche et Donald Trump lui-même, en voyage au Vietnam pour son deuxième sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, attaquent la crédibilité de l'ex-avocat, condamné en décembre à trois ans de prison pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral. Radié du barreau, il sera incarcéré le 6 mai. "Michael Cohen a été l'un parmi de nombreux avocats qui m'ont représenté (malheureusement)", a tweeté Donald Trump mercredi. "Il ment afin de réduire sa peine de prison", a-t-il accusé. Selon CNN, Donald Trump devrait regarder l'audition de son ancien fidèle bras droit entre les séances de négociations à Hanoï.
Michael Cohen was one of many lawyers who represented me (unfortunately). He had other clients also. He was just disbarred by the State Supreme Court for lying & fraud. He did bad things unrelated to Trump. He is lying in order to reduce his prison time. Using Crooked’s lawyer!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 27 février 2019
Troisième et dernier jour d'audition jeudi. Mercredi matin, une parlementaire démocrate siégeant à la commission d'enquête, Jackie Speier, prononçait le mot "impeachment" lors d'un entretien sur la radio publique NPR, en affirmant que si son témoignage était "aussi explosif qu'il le semble", cela pourrait offrir les fondements pour le "début d'une procédure de destitution" du président.
Michael Cohen avait entamé mardi trois jours d'auditions avec un témoignage marathon - celui-ci à huis clos - devant la commission sénatoriale du Renseignement. Il s'était expliqué sur ses mensonges initiaux lors d'une première audition en 2017, notamment sur ses contacts avec des responsables russes au sujet du projet immobilier à Moscou en 2016. Jeudi, Michael Cohen témoignera, à huis clos, devant la commission du Renseignement de la Chambre. Il ne devrait pas s'exprimer sur l'enquête du procureur spécial Robert Mueller à laquelle il a collaboré, qui porte sur ces soupçons de collusion et d'entrave à la justice du président américain.