Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret interdisant le financement d'ONG internationales qui soutiennent l'avortement, s'attirant des condamnations immédiates d'organisations progressistes et de défense des femmes.
Un décret "qui sape des années d'efforts". Le nouveau président a pris cette mesure au lendemain du 44ème anniversaire de "Roe V. Wade", l'arrêt emblématique de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement en 1973 aux Etats-Unis, et deux jours après que des millions d'Américaines ont manifesté pour leurs droits. "Les femmes les plus vulnérables dans le monde vont souffrir de cette politique, qui sape des années d'efforts en faveur de la santé des femmes", a réagi Cecile Richards, la présidente de Planned Parenthood, le plus grand réseau de planning familial des Etats-Unis. "Cela va provoquer des fermetures de cliniques dans le monde entier, avec pour corollaire une augmentation des grossesses non désirées et des avortements dangereux", a-t-elle averti en appelant au "combat".
Le décret signé par Donald Trump "représente une agression à l'encontre de la santé des femmes", a de son côté jugé l'ACLU, la grande association américaine de défense des libertés. Parfois appelée "politique de Mexico", car annoncée sous la présidence du président républicain Ronald Reagan à l'occasion de la conférence internationale des Nations unies sur la population de 1984 à Mexico, la politique remise en vigueur par Donald Trump prévoit que les fonds fédéraux d'aide internationale ne peuvent être alloués à des ONG étrangères qui pratiquent l'avortement ou militent pour rendre l'avortement légal. Ces restrictions avaient été annulées par le président démocrate Bill Clinton, puis remises en place par le républicain George W. Bush avant d'être annulées à nouveau par le président démocrate Barack Obama.
Vers la fin du droit à l'avortement aux États-Unis ? Galvanisés par l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les opposants américains à l'avortement comptent engranger les victoires sous sa présidence. Depuis l'élection du 8 novembre, ils ont déjà adopté dans certains Etats républicains des mesures anti-IVG draconiennes, qui flirtent parfois avec les libertés constitutionnelles. Le nouveau président s'est entouré dans son gouvernement de hauts responsables ouvertement hostiles au droit à l'avortement et s'est par ailleurs engagé à nommer à la Cour suprême un juge farouchement opposé à l'IVG. A terme, a expliqué Donald Trump, le nouveau rapport de force qu'il compte instaurer à la haute juridiction pourrait déboucher "automatiquement" sur l'annulation du droit à l'avortement aux Etats-Unis.
Donald Trump a également ordonné lundi par décret le gel des embauches au niveau fédéral, sauf pour l'armée, dans une série de décisions marquant le début de sa première semaine dans le Bureau ovale. Le républicain en avait fait une grande promesse de campagne, tout en assurant que les secteurs de la santé, de la sécurité publique et l'armée seraient épargnés.