Des crimes de guerre ont bien été commis en Ukraine. Amnesty International affirme détenir des "preuves irréfutables". Le rapport de l'ONG vient d'être publié, il pointe les exactions commises par les soldats russes sur des civils. Comme ce couple de retraités dans un petit village au nord-ouest de Kiev. Des soldats russes entrent dans leur maison et les enferment au sous-sol. Plus tard, un des soldats demande au vieil homme une cigarette. Il n'en a pas. Le soldat lui tire dans le bras. "Finis-le", répond son collègue. Le soldat l'abat d'une balle dans la tête.
Des témoignages comme celui-ci, Amnesty en a déjà collecté 45. Europe 1 a aussi recueilli le témoignage de Vladislav, un habitant de Boutcha. Il témoignait il y a quelques semaines au micro de William Molinié, envoyé spécial en Ukraine. "Il y avait un grand-père assis sur un banc dans sa cour. Il préparait un feu pour manger. Il n'avait ni électricité ni eau", expliquait-il alors. "Un type habillé en noir l'a tout simplement fusillé. Ils étaient en uniforme noir. Certains disaient que c'étaient les services spéciaux, d'autres disaient que c'étaient les hommes de Kadyrov. Mais tous tiraient sur tout ce qui bougeait, sans pitié."
Des "violations du droit international"
Quelles méthodes les enquêteurs d'Amnesty International ont utilisé pour rassembler ces "preuves irréfutables" ? Ils se sont installés dans huit villes, particulièrement touchées par les attaques des Russes. Pendant douze jours, ils ont recueilli plus de 40 témoignages de proches de victimes, leurs familles, leurs voisins. Ils les ont recoupés, ont pris des photos des scènes de crimes et ont analysé de fragments de munitions.
Un travail de documentation, d'enquête indispensable pour faire la lumière sur ces exactions, explique Jean-Claude Samouiller. "Tuer des civils désarmés est une abomination. Ce sont des crimes de guerre, ce sont des violations du droit international", détaille le vice-président d'Amnesty International France.
Des preuves remises à la CPI
"Ça veut dire que c'est une guerre sans limites, c'est une guerre sans règles, c'est une guerre où on prend les populations civiles en otages, ne serait-ce que dans les villes qui sont assiégées, où les personnes sont affamées, sans eau, sans électricité, sans chauffage, sans réseau téléphonique ou Internet." Pour lui, pas de doutes : "Avec cette guerre de siège, on prend les populations civiles en otage."
Ces preuves si précieuses de crimes de guerre seront notamment remises à la Cour pénale internationale, pour "pouvoir juger les auteurs", assure Jean-Claude Samouiller, mais aussi ceux qui les ont laissé faire.