Au 41e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mardi l'ONU à agir "immédiatement" face aux "crimes de guerre" commis selon lui par la Russie dans son pays, sans quoi les Nations unies n'auraient qu'à "simplement fermer". La Russie a procédé à l'évacuation de "600.000 personnes" d'Ukraine, qui ne sont pas parties "sous la contrainte ou enlevées" comme le dit l'Occident, a affirmé mardi au Conseil de sécurité l'ambassadeur russe auprès de l'ONU, Vassily Nebenzia.
Les principales informations :
- Zelensky a dénoncé la responsabilité de la Russie dans les "crimes de guerre"
- "Des civils ciblés délibérément" à Boutcha
- Von der Leyen et Borrell à Kiev en fin de semaine
- La Russie se prépare à prendre le contrôle du Donbass selon l'Otan
Zelensky devant le Conseil de sécurité de l'ONU
Volodymyr Zelensky a exhorté mardi l'ONU à agir "immédiatement" face aux "crimes de guerre" commis selon lui par la Russie dans son pays, sans quoi les Nations unies n'auraient qu'à "simplement fermer". Le président ukrainien a en outre appelé à ce que la Russie soit exclue du Conseil de sécurité de l'ONU et à une réforme du système des Nations unies, afin que "le droit de veto ne signifie pas le droit de mourir". Il a fait diffuser une vidéo présentant des images très crues de personnes tuées en Ukraine, dont la violence a provoqué une réaction indignée de la présidente en exercice de cette instance.
600.000 personnes "évacuées" vers la Russie
La Russie a procédé à l'évacuation de "600.000 personnes" d'Ukraine, qui ne sont pas parties "sous la contrainte ou enlevées" comme le dit l'Occident, a affirmé mardi au Conseil de sécurité l'ambassadeur russe auprès de l'ONU, Vassily Nebenzia. "Nous ne sommes pas venus en Ukraine conquérir des territoires", a-t-il aussi déclaré, en contestant à nouveau les accusations d'atrocités visant l'armée russe.
Des explosions dans la région de Lviv
Des explosions ont eu lieu mardi soir dans la ville de Radekhiv, à 70 kilomètres de Lviv, la grande ville de l'ouest de l'Ukraine, a annoncé un responsable local, appelant la population à se mettre à l'abri. "Explosions dans la région de Radekhiv. Tout le monde reste à l'abri", a écrit sur Telegram Maksym Kozitskiï, à la tête de l'administration militaire régionale. Une journaliste de l'AFP à Lviv y a entendu des sirènes d'alerte antiaérienne.
Deux hélicoptères ukrainiens abattus à Marioupol
L'armée russe a affirmé mardi avoir abattu deux hélicoptères ukrainiens cherchant à évacuer des chefs d'un bataillon nationaliste défendant le port assiégé de Marioupol, tout en appelant une nouvelle fois ces défenseurs à déposer les armes. "Ce matin, 5 avril, autour de Marioupol, une nouvelle tentative du régime de Kiev pour évacuer des chefs du bataillon nationaliste Azov a été avortée. Deux hélicoptères ukrainiens Mi-8, essayant d'atteindre la ville depuis la mer, ont été abattus par des systèmes anti-aériens portatifs", a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konachenkov.
Boutcha : des civils ukrainiens visés "délibérément"
Les images en provenance de Boutcha "pointent vers des civils ciblés délibérément", a affirmé mardi une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. "Tous les signes pointent vers le fait que les victimes ont été ciblées délibérément et tuées directement. Et ces preuves sont très inquiétantes", a souligné Elizabeth Throssell, lors d'un point de presse régulier de l'ONU à Genève, soulignant que le droit humanitaire international interdit de s'attaquer délibérément aux civils, ce qui équivaut à un crime de guerre.
De son côté, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a estimé mardi que la découverte de cadavres à Boutcha était une "provocation" visant à faire échouer les négociations en cours entre Kiev et Moscou.
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Utilisation d'armes à sous-munitions
L'ONU "a reçu des allégations crédibles selon lesquelles les forces russes auraient utilisé des armes à sous-munitions dans des zones peuplées au moins 24 fois" en Ukraine depuis l'invasion de fin février, a affirmé mardi devant le Conseil de sécurité une haute responsable de l'Organisation. "Les allégations selon lesquelles les forces ukrainiennes auraient utilisé de telles armes font également l'objet d'une enquête", a ajouté la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo.
Joe Biden réclame un procès pour "crimes de guerre"
Joe Biden a déclaré vouloir un "procès pour crimes de guerre" et vouloir prendre "des sanctions supplémentaires" contre la Russie, en réaction aux événements de Boutcha. "Il faut qu'il rende des comptes", a affirmé le président américain à propos de son homologue russe Vladimir Poutine, en répétant qu'il le considérait comme un "criminel de guerre".
La Russie veut prendre le contrôle du Donbass
La Russie se renforce pour "prendre le contrôle de l'ensemble du Donbass", dans l'est de l'Ukraine, et réaliser "un pont terrestre avec la Crimée", annexée par Moscou en 2014, a affirmé mardi le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. "Nous sommes dans une phase cruciale de la guerre", a-t-il averti au cours d'une conférence de presse à la veille d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance.
Poutine dénonce les pressions sur Gazprom en Europe et menace de représailles
Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé mardi la "pression" exercée contre Gazprom en Europe, soulignant que nationaliser des actifs russes était "une arme à double tranchant". "La situation dans le domaine énergétique s'aggrave à cause de mesures grossières, qui ne sont pas liées au marché, notamment la pression administrative sur notre société Gazprom dans plusieurs pays européens", a-t-il dit à la télévision, après que l'Allemagne a annoncé la veille prendre le contrôle temporaire d'une filiale allemande du géant gazier.
Pékin demande des pourparlers
Pékin a réitéré son appel à des pourparlers de paix pour résoudre le conflit en Ukraine lors d'un entretien entre les ministres chinois et ukrainien des Affaires étrangères, alors que les forces russes sont accusées d'avoir commis des massacres. La communauté internationale a intensifié ces derniers jours ses condamnations à l'encontre de Moscou après la découverte de cadavres dans la région de Kiev imputés à l'armée russe, qui nie toute implication.
Von der Leyen et Borrell à Kiev en fin de semaine
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se rendra "cette semaine" à Kiev, accompagnée du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, a annoncé mardi son porte-parole. "La présidente @vonderleyen et le Haut Représentant @JosepBorrellF se rendront cette semaine à Kiev pour rencontrer le président @ZelenskyyUa avant l'événement #StandUpForUkraine qui aura lieu samedi à Varsovie", a précisé le porte-parole Eric Mamer sur son compte Twitter. Cet événement doit permettre de recueillir des fonds en faveur des réfugiés ukrainiens.
Près de 200 diplomates russes expulsés d'Europe en deux jours
Après la France et l'Allemagne lundi, l'Italie, l'Espagne et la Slovénie notamment ont à leur tour expulsé mardi en masse des diplomates russes, marquant une nouvelle dégradation des relations avec Moscou après la découverte de massacres imputés aux forces russes près de Kiev.
Cinq corps découverts à Motijine, à l'ouest de Kiev
Les corps de la maire du village de Motijine, celui de son mari, de leur fils et de deux autres hommes ont été découverts dans cette localité à l'ouest de Kiev, ont constaté lundi des journalistes de l'AFP. La police a montré à des journalistes quatre corps, dont celui de la maire, à demi-enterrés dans une fosse creusée dans une forêt de pins bordant la maison de la maire du village, et le corps d'un autre homme gisant au fond d'un petit puits dans le jardin. Selon la police, les cinq personnes avaient les mains liées dans le dos.