Au 76e jour de la guerre en Ukraine, la ville de Marioupol est toujours occupée par les forces russes. Alors que Charles Michel, le président du Conseil européen, est en visite surprise à Odessa, Sergeï Orlov, le maire adjoint de la ville, s'est confié au micro d'Europe 1 pour clarifier la situation au sein de Marioupol, ville martyre "occupée à 80% par les forces russes", précise le maire, mais où une poignée de soldats ukrainiens tente de résister.
100.000 civils vivent encore à Marioupol
"La situation à Marioupol est très compliquée, on le sait tous", commence par indiquer Sergeï Orlov. La ville est envahie par les forces russes depuis le 25 février dernier. Depuis, "nous estimons que le nombre de tués est de 21.000, et on ne les a pas encore tous identifiés" a ajouté le maire adjoint de la ville.
À l'heure actuelle, il reste encore 100.000 civils dans la ville, parmi les 430.000 qui y résidaient avant la guerre. "Ils vivent dans des conditions très difficiles, car à Marioupol, il n'y a toujours pas d'eau, pas d'électricité, pas d'égouts, pas de gaz. Nos citadins doivent vivre sans. Il manque aussi de la nourriture, de l'eau, des médicaments. Il n'y a pas de travail."
Par ailleurs, les soldats russes continuent de bombarder l'usine Avostal, même s'il y a des accalmies pendant l'évacuation des civils. Cependant, les militaires ukrainiens ne sont pas à l'abri durant qu'ils dégagent les civils des décombres. "Les Russes leur tirent dessus. Nos militaires risquent leur vie. Trois ont été tués et six ont été blessés pendant la dernière évacuation."
"Il est possible de débloquer la ville du point de vue militaire"
Les militaires ukrainiens sont capables de reprendre Marioupol, selon Sergeï Orlov, mais ils manquent de moyens. "On ne sait pas comment aider les militaires ukrainiens... Tous les appels politiques du président Zelensky, que ce soit Emmanuel Macron, le secrétaire général des Nations Unies ou le Pape, n'ont donné aucun résultat", a-t-il déploré avant de préciser : "Il est possible de débloquer la ville du point de vue militaire. L'Armée ukrainienne est capable de le faire, mais pour cela, il faut des armements lourds et ces armements de guerre en provenance de l'Europe manquent toujours."
Comme le président Volodymyr Zelensky, le maire adjoint de la ville de Marioupol a dénoncé un "génocide" : "Ils veulent exterminer les habitants de Marioupol. Je pense qu'à la fin, on aura la même situation qu'à Boutcha, mais à une échelle plus importante, car il y a bien plus d'habitants." Dans cette ville de la région de Kiev, des centaines de cadavres avaient été laissés à l'abandon par les soldats russes, après leur retrait.