"Le président s'entretiendra bientôt avec Vladimir Poutine pour au fond lui proposer un chemin de désescalade", a déclaré la présidence française, en précisant que l'échange aurait lieu "dans les prochains jours".
Une réunion de crise mercredi
"Il pense qu'il y a de l'espace pour la diplomatie, pour la désescalade", a-t-elle ajouté, alors que les bruits de bottes se multiplient autour de l'Ukraine. Dans ce contexte, l'ambassadeur Pierre Vimont, représentant spécial d'Emmanuel Macron pour la Russie, se rendra mardi à Moscou, a précisé l'Elysée.
La France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine tiendront ensuite une réunion mercredi à Paris sur l'Ukraine au niveau des conseillers diplomatiques. Elle associera les conseillers d'Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz, le vice-Premier ministre russe et émissaire du Kremlin pour les négociations de paix en Ukraine Dmitri Kozak, ainsi que le directeur de l'administration présidentielle du président Volodymyr Zelensky.
Ce format quadripartite dit "Normandie" vise à mettre en œuvre les accords de paix de Minsk de 2015, aujourd'hui au point mort, pour régler le conflit entre Kiev et les séparatistes ukrainiens prorusses dans le Donbass. La guerre dans l'est de l'Ukraine, qui a fait plus de 13.000 morts, a éclaté au printemps 2014 après une révolution pro-occidentale à Kiev et l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou.
Négocier des mesures humanitaires
"Ce soir ou demain la Rada ukrainienne reviendra sur la loi de transition", a précisé l'Elysée. Ce texte, préparé à l'été 2021, reconnaît la Russie comme "Etat agresseur et Etat occupant", ce que Moscou rejette totalement, et est jugé contraire aux accords de Minsk. "Nous pourrons ensuite négocier des mesures humanitaires" telles qu'échanges de prisonniers et ouverture de checkpoints, a ajouté l'Elysée.
"Et nous essaierons d'obtenir une date" pour des négociations entre Kiev et les séparatistes sur "le statut du Donbass", a-t-il poursuivi. La France a insisté sur la nécessité de ne pas ajouter de volatilité à la crise, en plein escalade entre Occidentaux et Russes autour de l'Ukraine. "Nous sommes préoccupés, nous sommes aussi très attentifs à ne pas créer d'ambiguïté, de volatilité supplémentaire", a insisté l'Elysée.
Le Royaume-Uni a accusé samedi la Russie de "chercher à installer un dirigeant prorusse à Kiev" et d'"envisager" d'"occuper" l'Ukraine, au lendemain de pourparlers américano-russes qui semblaient avoir amorcé une détente. Washington, Londres et Canberra ont aussi annoncé le rappel de leurs diplomates en Ukraine en invoquant la perspective d'une invasion russe "à tout moment".
La sécurité stratégique de l'Europe
Les Etats-Unis ont placé par ailleurs jusqu'à 8.500 militaires en état d'alerte qui pourraient être déployés au sein des troupes de l'Otan en cas d'invasion de l'Ukraine par la Russie. "Il y a en Europe des sensibilités différentes à l'égard de la Russie", a concédé la présidence française. Mais "nous partageons les mêmes inquiétudes, faisons le même constat de volatilité" de chaque côté de l'Atlantique, a-t-elle ajouté.
Concernant les garanties de sécurité demandées par la Russie aux Etats-Unis et à l'Otan, "nous souhaitons une réponse aussi cordonnée, aussi unifiée que possible, de telle manière qu'elle soit entièrement crédible, opérationnelle et qu'elle engage bien tout le monde pour un seul objectif qui est la sécurité stratégique en Europe".