Vladimir Poutine a affirmé dimanche à Emmanuel Macron qu'il "atteindrait ses objectifs" en Ukraine "soit par la négociation, soit par la guerre", mais nié s'en prendre aux civils et assuré qu'il n'attaquerait pas les centrales nucléaires, a indiqué la présidence française.
La question des centrales nucléaires au cœur des échanges
Lors d'un entretien téléphonique d'1h45, le président français a réitéré sa "grave préoccupation" pour la sécurité des sites nucléaires, après le bombardement le 4 mars de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie, la plus grande d'Europe. Il a insisté sur "l'impératif que des mesures concrètes soient prises pour y répondre", a dit l'Elysée dans un communiqué. Vladimir Poutine a pour sa part assuré qu'il "n'était pas dans son intention de procéder à des attaques des centrales nucléaires" et s'est dit "prêt à respecter les normes de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) pour la protection des centrales", a déclaré française la présidence à la presse.
Le président russe a donné son accord pour "qu'un dialogue s'engage entre AIEA, Ukraine et Russie pour que les centrales soient mises en sécurité", a précisé Paris. Lundi, lors d'une réunion du conseil des gouverneurs de l'AIEA, son directeur devrait faire des propositions pour la sécurité des centrales ukrainiennes. Vladimir Poutine a aussi de nouveau "nié que son armée prenne des civils pour cibles", alors que le président français lui demandait de ne pas les mettre en danger, conformément au droit international. Et il a réaffirmé que "la responsabilité revenait aux Ukrainiens de laisser partir la population des villes encerclées".
"L'armée qui attaque est l'armée russe", lui a répondu Emmanuel Macron, en demandant de nouveau à son homologue russe de cesser ses opérations militaires. Il a aussi affirmé n'avoir "pas de raison de croire que les armées ukrainiennes mettait les civils en danger".
Poutine "très déterminé à atteindre ses objectifs"
Emmanuel Macron a trouvé le président russe "très déterminé à atteindre ses objectifs", dont "ce qu'il appelle la 'dénazification' et la neutralisation de l'Ukraine" ainsi que la reconnaissance de l'indépendance de la Crimée et du Donbass. Exigences qui sont, selon Paris, "inacceptables pour les Ukrainiens". "Il n'est pas impossible nous prenions de nouvelles sanctions prochainement", a annoncé l'Élysée, sans préciser si elles pourraient aller jusqu'à limiter les importations de gaz et de pétrole russe, dont dépendent plusieurs pays européens.
L'UE envisage en tout cas de recourir à ses réserves stratégiques "pour éviter qu'une flambée des prix encore plus impressionnante", précise Paris. Mais "nous ne craignons pas aujourd'hui pour notre approvisionnement", assure l'Élysée. "L'objectif reste non pas de faire la guerre à la Russie mais de faire changer Vladimir Poutine de calcul", ont répété les conseillers d'Emmanuel Macron. Sur le terrain, "plus le conflit dure, plus le risque de voir des formes de guerre brutale augmente", s'inquiètent-ils.
"Le risque chimique n'est pas avéré", a précisé un conseiller interrogé sur ce sujet, "mais on a vu comment la Russie a pu se comporter en Tchétchénie ou en Syrie ou, à travers des milices, en Centrafrique ou au Mali". "Cela ne préjuge pas de ce que la Russie fera en Ukraine mais cela nécessite de trouver un moyen d'obtenir au plus vite l'arrêt des combats". Les conseillers ont précisé qu'il voyaient des images de civils bombardés, "ce qui peut entrer dans la catégorie des crimes de guerre", renvoyant toutefois sur la Cour pénale internationale qui a ouvert une enquête sur la situation en Ukraine. "Nous savons que Kharkiv fait l'objet d'un siège violent et de bombardements denses, ainsi que Marioupol, et que Kiev est en passe d'être encerclée", a ajouté l'Elysée.