Près de 400.000 élèves handicapés sont aujourd’hui scolarisés, soit 20% de plus qu’il y a cinq ans. Cependant, la défenseure des droits Claire Hédon a insisté, fin août, dans un rapport, sur "le nombre grandissant d’enfants dont les besoins sont mal ou pas du tout couverts".
L’une des raisons : le manque criant d’AESH, ces accompagnants d’élèves en situation de handicap. Le ministre Pap Ndiaye a ainsi reconnu, au même titre que les professeurs, un manque d’attractivité lié au salaire.
Une dizaine d’élèves suivis tous les jours
Ludivine Meunier est AESH dans un lycée professionnel parisien, le lycée Marcel Desprez, spécialisé dans les métiers de l'électrotechnique. Cette accompagnante suit pas moins d’une dizaine d'élèves par jour, atteints de troubles de l’attention, l’hyperactivité, du spectre de l’autisme ou de dyslexie.
Dès 8h30, la sonnerie retentit. Et c’est la course pour Ludivine. Cheveux orange, lunettes rondes et chemise à fleurs, on la repère de loin. Elle gambade dans les couloirs de classe, en classe. "C'est vrai que ça demande beaucoup d'énergie !", s’exclame-t-elle entre deux cours.
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Après deux heures de géographie de 2h en seconde aux côtés de Timmy, c’est au tour de Khays et d’Hakan, deux élèves de Terminales, de bénéficier de son aide en maths pendant une heure. "Calcule-ça sur ta calculatrice", conseille-t-elle à Hakan juste après avoir aidé Khays à résoudre un problème sur des suites arithmétiques et géométriques.
"Plus on en parle, plus c’est connu"
Elle suit, dans chaque classe, au moins deux adolescents, en raison des nombreux élèves qui ont besoin de son aide. "Plus on parle de la scolarisation d’élèves en situation de handicap, plus c'est connu. Et plus c'est connu, plus c'est banalisé", déclare Ludivine.
"Les professeurs en détectent de plus en plus parce qu'ils sont plus sensibilisés, et les familles, pour qui c'est beaucoup moins stigmatisant puisque c'est beaucoup plus répandu, font aussi les démarches derrière" explique-t-elle. Pour Laurence, professeure d’anglais, la présence de Ludivine est indispensable. "Je n'ai pas le temps sur une heure de cours de faire du cas par cas, donc je les prends tels qu'ils sont. Et ensuite on dépoussière, on décortique et on fait connaissance avec l'élève grâce au travail de l’AESH", pointe l'enseignante.
Deux AESH au lieu de quatre pour l’ensemble du lycée
Le seul problème de Ludivine : ne pas pouvoir se dédoubler… Elles étaient quatre AESH l’année dernière, mais elles ne sont plus que deux, depuis la rentrée, pour tout le lycée. "Aujourd'hui, on ne peut pas couvrir tous les enfants. Il y en a quatre qui se retrouvent sans accompagnement", regrette-t-elle.
Pour elle, la pénurie d’AESH s’explique, entre autres, par un facteur : "il y a une vraie précarité". "On a un premier CDD de trois ans, renouvelable une fois, avant d'être fidélisé", argumente-t-elle. Son contrat est régulièrement modifié. Aujourd’hui rémunérée au SMIC pour travailler 39 heures par semaine, Ludivine pourrait ainsi se voir attribuer moins d’heures le mois prochain.