Une liste d'une soixantaine d'Algériens à expulser de France en voie de transmission à Alger
La France va envoyer une liste de 60 Algériens à expulser, jugés menaçants pour l’ordre public. Face au refus d’Alger de reprendre ses ressortissants sous OQTF, Bruno Retailleau évoque des mesures de rétorsion, tandis qu’Emmanuel Macron privilégie la renégociation de l’accord de 1968.
La France a établi une première liste d'une soixantaine de noms d'Algériens à expulser, qui doit être envoyée à Alger de façon "imminente", a appris l'AFP vendredi de source gouvernementale.
"Elle sera envoyée, elle ne l'a pas encore été", a précisé par la suite le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, en déplacement à Écully, près de Lyon, pour l'inauguration de l'école nationale de police scientifique de la police nationale.
"Nous avons fait une première liste, établie clairement avec des profils de type +troubles à l'ordre public+ ou sortant de prison ou avec des profils dangereux. Sur cette liste ne figurent que des ressortissants algériens, dont nous avons les preuves de la nationalité algérienne", a-t-il poursuivi.
"Nous avons plusieurs liens"
Le refus de l'Algérie d'accepter ses ressortissants sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont l'auteur d'un attentat qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février, a fini d'envenimer des relations déjà très dégradées entre les deux pays depuis la reconnaissance en juillet dernier par le président Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
"L'Algérie est tenue par un accord international et un accord avec la France. Nous avons plusieurs liens. Cette liste, ce sera un moment de vérité : ou bien l'Algérie accepte de respecter ses obligations, le droit, nos accords signés librement, ou bien, nous mettrons en œuvre la stratégie que nous avons organisée d'une riposte graduée qui peut aller jusqu'à la remise en cause de l'ensemble de nos accords", a poursuivi le ministre.
Macron joue la carte de l'apaisement
En marge d'un déplacement à La Rochelle, François Bayrou n'a pas dit autre chose vendredi : "Nous espérons que tous les responsables, chacun à sa place, vont réfléchir au respect des engagements pris et à la compréhension qui sont nécessaires entre deux pays et deux sociétés qui ont négocié des accords aussi importants que ceux-là", a-t-il assuré.
Fin février, le Premier ministre avait menacé de "dénoncer" l'accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, l'ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d'emploi, si, dans un délai de six semaines, l'Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.
De son côté, le chef de l’État français a joué la carte de l'apaisement en se disant "favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier" cet accord.