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Isabelle Ory, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
Grâce à une procédure d'urgence, le Royaume-Uni a temporairement approuvé le vaccin Pfizer/BioNTech sur son territoire mercredi. Le ministre de la Santé britannique a attribué cette rapidité au Brexit. Une déclaration qui n'a pas manqué de faire réagir l'Union européenne. Celle-ci a défendu sa méthode et rappelé que le traitement était à moitié européen.
DÉCRYPTAGE

L'Union européenne se défend. Alors que le Royaume-Uni est devenu mercredi le premier pays a avoir approuvé un vaccin contre le coronavirus - en l'occurrence celui du tandem germano-américain BioNTech/Pfizer - le gouvernement britannique n'a pas manqué de se gargariser et d'y voir une preuve de l'utilité de sortir de l'Union européenne. "Grâce au Brexit nous avons pu prendre une décision fondée sur le régulateur britannique, un régulateur de classe mondiale, et non au rythme des Européens, qui avancent un peu plus lentement", a ainsi taclé le ministre de la Santé, Matt Hancock.

Une autorisation britannique rapide... mais temporaire

En réalité, les Britanniques ont mis en œuvre une procédure d'urgence... permise par la législation pharmaceutique de l'Union européenne. Cette mesure permet dans les situations de crise comme celle du coronavirus d'avoir temporairement recours à un nouveau traitement pour cibler une population spécifique, à l'échelle d'un État seulement, et non de l'ensemble de l'UE.

De leur côté, les 27, estimant qu'il s'agit d'un sujet très important, ont préféré s'en remettre à l'Agence européenne du médicament (EMA), qui mise sur une procédure plus traditionnelle, certes plus lente, mais qui a l'avantage d'aboutir à une véritable autorisation de mise sur le marché pour une durée plus longue. Deux stratégies opposées alors que les scientifiques britanniques et européens ont eu accès aux mêmes données sur les vaccins. Mais là où, outre-Manche, on a fait le choix de la vitesse, l'Agence européenne des médicaments souhaite examiner en détail la demande d'autorisation européenne du vaccin Pfizer/BioNTech déposée mardi dernier et devrait se prononcer le 29 décembre "au plus tard".

Un vaccin à moitié européen

Derrière cette passe d'armes sur l'autorisation du vaccin, il ne faut pas omettre un contexte politique pesant. Londres et Bruxelles sont en effet engagés dans d'intenses négociations pour tenter de définir leur nouvelle relation commerciale à partir du 1er janvier, date effective du Brexit. C'est donc là une occasion rêvée pour le Premier ministre britannique Boris Johnson, l'un des artisans du Brexit, de montrer l'intérêt du divorce de son pays avec l'Union européenne, quand bien même il lui faut s'arranger un peu avec la vérité. 

De son côté, comme pour rappeler l'adage "seul on va plus vite, ensemble on va plus loin", Bruxelles n'a pas manqué de pointer que le vaccin autorisé par les Britanniques a en partie été élaboré par une entreprise allemande : BioNTech.