Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé jeudi que de nouveaux billets de banque seraient mis en circulation le 4 juin, ôtant trois zéros à l'actuel bolivar pour contrer les conséquences de l'hyperinflation qui frappe le pays. Le billet de 500 bolivars (11,3 dollars au taux de change officiel, 2,1 au marché noir) sera la future plus grosse coupure. L'actuel plus gros billet, qui était de 100.000 bolivars, deviendra un billet de 100. Il permet tout juste de s'acheter un café dans la rue, le pouvoir d'achat ayant été drastiquement réduit par une hyperinflation attendue à 13.000% cette année, selon le FMI.
Manque de liquidités. Les nouvelles coupures remplaceront celles mises en circulation fin 2016, que la Banque centrale n'arrivait pas à fabriquer assez rapidement pour satisfaire les besoins quotidiens des Vénézuéliens. Le manque de liquidités avait même entraîné en décembre 2016 des émeutes qui avaient fait quatre morts et des centaines de commerces saccagés. En dix ans, la monnaie nationale aura donc perdu six zéros, puisqu'en 2008, sous la présidence du défunt Hugo Chavez, le gouvernement avait déjà lancé une nouvelle monnaie, baptisée le "bolivar fort", ôtant trois zéros à l'ancien bolivar. Cette mesure ne servira cependant à rien si elle n'est pas accompagnée d'une vraie politique de lutte contre l'inflation, souligne l'économiste Asdrubal Oliveros, du cabinet Ecoanalitica.
40 millions de dollars. En outre, en 2008, remplacer l'intégralité des pièces et billets avait coûté plus de 40 millions de dollars, relève-t-il, observant que "dans les conditions actuelles", la banque centrale n'avait pas les moyens de faire face à une telle dépense. "Nicolas, tu mens. Tu ôtes trois zéros à la monnaie pour cacher l'hyperinflation", a tweeté Henri Falcon, rival de Nicolas Maduro à la présidentielle du 20 octobre prochain. Face aux problèmes de liquidités, le président a lancé en février une monnaie virtuelle ou cryptomonnaie baptisée "petro", dont il affirme qu'elle a déjà généré 5 milliards de dollars d'intentions d'achat. Le petro doit être utilisé pour les importations et exportations (y compris de pétrole) du pays, a dit le président. Lundi, son homologue Donald Trump a cependant interdit aux entreprises et citoyens américains tout échange en "petros", car cette monnaie virtuelle vise selon lui à "contourner les sanctions américaines" contre le gouvernement de Caracas.