Venezuela : un mystérieux site Internet qui cherche à faire tomber le président Maduro fait le buzz dans le pays

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Des manifestants vénézuéliens contre le président Nicolas Maduro lors d'un rassemblement en Espagne le 8 septembre dernier © Thomas COEX / AFP
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avec AFP / Crédit photo : Thomas COEX / AFP
Depuis plusieurs jours un mystérieux site Internet nommé "Ya casi Venezuela" fait le buzz au Venezuela. Visant à faire tomber le président Nicolas Maduro, grâce à une collecte de fonds pour "restaurer la démocratie", une enquête criminelle à été ouverte par le parquet vénézuélien. 

Un mystérieux site internet visant à faire tomber Nicolas Maduro a fait son apparition ces derniers jours au Venezuela, générant, au-delà des interrogations et buzz, une enquête judiciaire et des avertissements musclés du président vénézuélien. 

Une campagne de financement pour "restaurer la démocratie"

Le parquet vénézuélien a ouvert mardi une enquête criminelle sur le site internet "Ya Casi Venezuela" ("On y est presque Venezuela") et sa campagne de collecte de fonds en ligne. Celle-ci a été lancée quelques semaines après la présidentielle du 28 juillet qui a vu le président Maduro proclamé vainqueur, alors que l'opposition crie à la fraude et revendique la victoire. Le site, qui assure chercher des fonds pour "réaliser la volonté du peuple", promet que les Vénézuéliens seront "témoins et protagonistes de la chute" de M. Maduro, sans préciser les initiatives qu'il prévoit. L'opposition a pour le moment gardé ses distances avec ce site.

Dans une des vidéos diffusées par "Ya casi Venezuela", on voit des personnes vandalisant la statue de l'ex-résident Hugo Chavez lors des troubles post-électoraux qui ont suivi la réélection de M. Maduro. "Venezuela, vous avez voté pour la liberté le 28 juillet. Il est maintenant temps de voter avec des dollars", dit dans une vidéo Erik Prince, le fondateur de Blackwater, une ancienne société militaire privée américaine. Principale figure visible de "Ya casi Venezuela", il assure dans une autre vidéo être satisfait de la campagne de financement destinée à "restaurer la démocratie", affirmant que la barre du million de dollars a été dépassée, l'objectif étant 10 millions. Il ne précise pas comment sera utilisé l'argent.

Ancien Navy Seal (force spéciale de la marine de guerre des Etats-Unis), Erik Prince avait fondé Blackwater, un moment considérée comme "l'armée privée la plus puissante du monde". Rebaptisée Academi, après avoir été impliquée dans la mort de 17 civils à Bagdad en 2007, puis absorbée par l'actuelle Constellis, Blackwater a été un des grands sous-traitants sécuritaires de l'administration américaine en Irak et en Afghanistan.

Une collecte de fonds qualifiée "d'escroquerie"

Le procureur général du Venezuela, Tarek William Saab, a déclaré mardi que les personnes impliquées dans ce site "commettent des crimes" et que "toute personne ayant fait un don, que ce soit un ou 20 dollars, est complice". "Face aux comptes à rebours (du site), nous devons astiquer nos fusils et nous les avons astiqués" a lancé M. Maduro, en allusion à "Ya Casi Venezuela".

Vendredi, l'ancien patron de Blackwater a été, selon un communiqué du gouvernement vénézuélien, un des points abordés lors de la première conversation depuis la présidentielle entre M. Maduro et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Celui-ci s'est dit "préoccupé" par les violations des droits de l'homme signalées au Venezuela lors des manifestations post-électorales. La répression des manifestations spontanées qui ont suivi l'annonce de la réélection de M. Maduro a fait 27 morts et 192 blessés. Quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

 

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Selon le texte, M. Maduro a lui averti le secrétaire général de "menaces" sur les réseaux sociaux, où "ils encouragent même la collecte de fonds pour mener des attaques contre les institutions". Il y a une dizaine de jours, quatre Américains (dont un militaire), deux Espagnols et un Tchèque ont été arrêtés, tandis que les autorités dénonçaient un complot visant à assassiner le président et d'autres hauts fonctionnaires. M. Maduro avait alors évoqué des "agressions extérieures" telles que "l'engagement de mercenaires pour envahir le pays".

Le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello a lui qualifié la collecte de fonds d'"escroquerie". Une vidéo dans laquelle le chanteur de portoricain Don Omar annonce un don d'un million de dollars est devenue virale, mais l'équipe de vérification de l'AFP a démontré que le don datait de la crise de 2019.