C’est un interminable recommencement. Depuis sa création en 2011, l’Etat du Soudan du Sud n’a connu que peu de moments de répit. La guerre civile, qui oppose les partisans du président Salva Kiir, à ceux du vice-président et ancien chef rebelle Riek Machar, déchire ce jeune pays par intermittence, faisant des dizaines de milliers de morts et trois millions de déplacés.
Vendredi, les combats ont repris après un accrochage entre des militaires des deux camps, laissant craindre le début d’un nouveau conflit de grande ampleur.
Des tirs après un week-end de violence. Lundi matin, le réveil a été difficile pour les habitants de la capitale du Soudan du Sud, Juba. Des tirs d'armes automatiques ont retenti au lendemain d'un déferlement de violence qui a traumatisé la population et suscité la réprobation d'une communauté internationale impuissante.
Ces nouveaux combats provenaient notamment de Jebel, un des quartiers où les affrontements de la veille ont été les plus virulents, ainsi que du quartier de Munuki. Un travailleur humanitaire installé à Juba à Nairobi a confirmé ces tirs. Selon la mission de l'ONU au Soudan du Sud et des médias locaux, les affrontements gagnaient en intensité dans la matinée.
300 morts en trois jours. Depuis vendredi, les combats auraient fait près de 300 morts, selon des sources locales. Dans la nuit, tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU réuni en urgence exigeait du président sud-soudanais Salva Kiir et de son rival, le vice-président Riek Machar, de "faire le maximum pour contrôler leurs forces respectives et mettre fin d'urgence aux combats", le fracas des armes s'était tu.
Des pluies orageuses se sont abattues sur Juba toute la nuit, rendant encore plus précaire la situation des milliers de civils apeurés qui ont dû fuir à la hâte les quartiers les plus touchés par les affrontements dimanche. Parmi eux, le correspondant de l'AFP sur place a décrit une "situation terrifiante". Des habitants se sont réfugiés dans un camp de l'ONU, à proximité duquel les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28.000 déplacés.
Tout au long de cette journée, les troupes loyales au président Kiir ont combattu les ex-rebelles du vice-président Machar, cantonnés dans la capitale en vertu d'un accord de paix signé en août 2015. L'ONU a fait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d'"armes d'assaut lourdes" à Juba. La présence d'hélicoptères de combat et de chars a également été signalée.
La crainte d’une nouvelle guerre. Les combats de dimanche, au lendemain du 5e anniversaire de l'accession à l'indépendance du Soudan du Sud, font craindre une reprise des combats à grande échelle dans tout le pays.
Le Sud-Soudan s'est enfoncé dans une guerre civile en 2013 lorsque le président Salva Kiir a congédié son vice-président, Riek Machar. Un accord de paix conclu en avril a mis fin au conflit, mais les deux hommes forts de la plus jeune nation africaine doivent encore fusionner leurs troupes.
L’indépendance après des décennies de guerre civile
Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud proclame son indépendance devant des dizaines de milliers de Sudistes en liesse et un parterre de dirigeants étrangers. Salva Kiir prête serment comme premier président.
Le Sud à majorité chrétienne se sépare ainsi du Nord musulman après six ans d'autonomie et des décennies de guerre civile entre rebelles sudistes et gouvernements successifs de Khartoum (1959-1972 puis 1983-2005), qui a fait des millions de morts.
Un accord de paix signé en 2005 avait ouvert la voie à un référendum sur l'indépendance, organisé six mois auparavant. Près de 99% des Sudistes avaient alors opté pour la sécession.
Mais de nombreux différends persistent entre les deux pays sur le partage des revenus pétroliers, la démarcation de leur frontière commune ou le statut de régions contestées comme Abyei.