Les électeurs britanniques en ont décidé ainsi. Le Royaume-Uni va devenir le premier pays à quitter l’Union européenne, 58 ans après sa fondation. Pour autant, le vote de jeudi, favorable à 51,9% au Brexit, ne signifie pas qu’il va immédiatement prendre congé du bloc des 28. Alors que David Cameron a annoncé sa démission à l'automne prochain, un long processus diplomatique, très certainement étalé sur plusieurs années, doit encore s’engager.
Article 50. En théorie, il revient désormais au Premier ministre britannique de déclencher l’article 50 du traité de Lisbonne, ratifié en 2007, et qui permet à un Etat membre de quitter l’Union après avoir notifié son intention au Conseil européen. Doit suivre une négociation entre l’UE et le Royaume-Uni, afin de conclure "un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union", précise le texte. Ce processus doit s’étaler sur au moins deux ans, mais il y a fort à parier, au vu de l’ampleur de la tâche, qu’il dure plus longtemps. Surtout, la démission de David Cameron, à l’origine du référendum de jeudi, mais qui a fait campagne en faveur du maintien, risque encore de compliquer les choses.
Le capitaine quitte le navire. "Je ne crois pas qu'il soit opportun que je sois le capitaine qui mène notre pays vers sa prochaine destination", a déclaré le résident du 10 Downing Street, faisant savoir qu’il laisserait le soin à son successeur d’invoquer l’article 50 du traité de Lisbonne. "On ne peut pas encore vraiment savoir ce qui va se passer. Ce sera un processus complexe et très long qui dépendra de l’attitude du gouvernement et de la position de l’Irlande du Nord et de l’Ecosse qui ont voté pour le maintien dans l’UE", estime auprès d’Europe 1 Philippe Moreau Defarges, politologue spécialiste des relations européennes et chercheur à l’Institut français des relations internationales.
Sept ans de réflexion. Durant la campagne du Brexit, les partisans du Leave (retrait) avaient estimé que le pays ne pourrait pas quitter formellement l’UE avant 2020, rappelle la BBC. "Il n'y a pas besoin d'activer l'article 50 tout de suite. La Grande-Bretagne est encore membre de l'UE et le restera encore pendant plusieurs mois, voire plusieurs années", a affirmé vendredi matin à Reuters Matthew Elliott, un des responsables de la campagne pro-Brexit, alors que la victoire du retrait se confirmait. Mi-Juin, Donald Tusk, président du Conseil européen, estimait que la renégociation pourrait durer sept ans.
Un nouveau leader. Si Nigel Farrage, leader du parti anti-européen Ukip, réclamait la tête du chef du gouvernement, sa position était loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique. "[…] Nous avons besoin de stabilité [...] Il nous faut rassurer l'Ecosse et l'Irlande du Nord et nous devons gérer les conséquences économiques", a déclaré à Reuters le député eurosceptique Andrew Bridgen. Quelques heures avant que Cameron n’annonce son prochain départ, Matthew Elliot estimait qu’il appartenait à l’actuel Premier ministre " de traduire en actes la volonté exprimée par les Britanniques " et donc de conduire les discussions formelles avec les autres Etats. Une tâche qui incombera désormais à son successeur.
" C’est un divorce ! Il y a des divorces raisonnables, et des divorces délirants… "
Le futur chef de gouvernement pourrait être désigné à l’automne, lors du prochain congrès du Parti Conservateur qui occupe la majorité des sièges au Parlement. À lui donc d’activer l’article 50 et d’entamer avec les 27 une négociation qui s’annonce particulièrement ardue, souligne Philippe Moreau Defarges: " Il y a un mot qui résume tout : c’est un divorce ! Il y a des divorces raisonnables, et des divorces délirants… "