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Marion Gauthier, envoyée spéciale, édité par Laura Laplaud , modifié à
La crise migratoire ne faiblit pas à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal accuse le régime d'Alexandre Loukachenko d'être à l'origine d'un "trafic d'êtres humains". L'Union européenne, elle, charge le président de la République de la Biélorussie d'avoir sciemment organisé l'afflux de migrants vers l'Europe. Europe 1 s'est rendue sur place.
REPORTAGE

La Biélorussie d'Alexandre Loukachenko serait-elle à l'origine d'un trafic d'êtres humains ? C'est ce qu'affirme le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Des milliers de migrants principalement kurdes et irakiens sont massés à la frontière polonaise, utilisés comme bouclier humain dans le but de créer une crise aux portes de l'Europe. Un terrorisme d'Etat, accuse Varsovie. Europe 1 s'est rendue à la frontière, en Pologne, à la rencontre des habitants.

Kuznica en Pologne, une ville morte

Le bourdonnement des hélicoptères est devenu habituel. Des drones ont remplacé les camions qui traversaient Kuznica. La ville s'est endormie. "Il y a moins de monde dans les rues, une partie des magasins ont fermé", souffle Sébastien, à proximité de la zone interdite, sur une petite route forestière. "Nous, on s'investit plus au travail, c'est tout, tout pour ne pas penser à ce qui se passe ici."

Après trois jours de vives tensions à la frontière, trois à quatre mille migrants seraient bloqués. La Pologne soutient qu’ils ont été poussés ici par la Biélorussie, et leur refuse l’entrée. Depuis septembre des milliers de soldats et de garde-frontières surveillent une "zone d’état d’urgence" qui s’étend sur près de 400 kilomètres, le long de la frontière. 

"Toute la nuit, les camions de l'armée vont et viennent"

Plus au sud, Mac tenait une auberge avant que les touristes ne soient exclus. "On vivait calmement ici, même trop calmement. Aujourd’hui, c’est l’extrême inverse : on ne peut pas s’endormir à la maison, parce que toute la nuit les camions de l’armée vont et viennent autour de nous", déplore-t-il, à l'abri des regards. Ce trentenaire se fait appeler par son surnom "Mac" par les migrants. Tous les deux jours, il tourne dans la forêt inlassablement pour leur apporter des vivres et des vêtements.

"Le pire, c’est de rencontrer ces gens et de savoir qu’ils vont passer la nuit suivante, les nuits suivantes dans la forêt… Et ça pèse moralement", confie-t-il. Un mélange d'impuissance et d'isolement pour ces habitants, qui ne croisent plus que des uniformes.