La grossesse d'une fillette de 10 ans, violée par son beau-père, et qui aurait soi-disant décidé de garder l'enfant, suscite une polémique en Argentine, en plein débat parlementaire sur la légalisation de l'avortement. Dans un cas extrême comme celui-ci, la fillette aurait pu en principe avorter, la législation actuelle autorisant l'IVG en cas de viol ou de danger pour la santé de la mère. Mais la très conservatrice province de Salta, où elle réside, limite l'avortement en cas de viol aux 12 premières semaines de grossesse.
"La famille est terrorisée". En l'occurrence, la grossesse n'a été détectée qu'après 21 semaines, lorsque l'enfant a été amenée à l'hôpital parce qu'elle se plaignait de douleurs au ventre. D'après les autorités de la province de Salta, la mère et la fillette auraient manifesté dans une lettre leur souhait de ne pas avorter. Une version dont doute Mariana Carvajal, fondatrice du mouvement féministe NiUnaMenos (Pas une de moins). "La famille est terrorisée. Ils ont dit à la mère qu'un avortement était très risqué. Ce qu'on ne sait pas, c'est ce que pense la fillette. Un avortement est encore possible", a déclaré cette militante.
"L'Etat a bafoué ses droits". L'enfant "a d'abord été hospitalisée en février, on était dans les 12 semaines à ce moment-là, mais on lui a diagnostiqué une constipation", s'étonne-t-elle. Pour elle, la fillette "a été violée par son beau-père et l'Etat a bafoué ses droits". C'est lors de la deuxième consultation à l'hôpital que la fillette a confié qu'elle était régulièrement violée par le compagnon de sa mère.
Mobilisation de l'Eglise contre l'avortement. D'après l'Unicef, 2.700 mères-filles de 10 à 14 ans accouchent chaque année en Argentine, soit environ 0,36% des naissances. Le 13 juin, le parlement argentin votera pour ou contre la légalisation de l'avortement. L'Eglise est mobilisée contre le texte, approuvé par une majorité d'Argentins, selon les sondages.