La coalition militaire arabe opérant au Yémen sous commandement saoudien a utilisé, pour la troisième fois en 16 mois, des roquettes à sous-munitions de fabrication brésilienne, a accusé jeudi Amnesty International dans un communiqué.
Les civils, victimes collatérales. L'organisation de défense des droits de l'Homme précise que la coalition a utilisé ces roquettes le 15 février lors d'une attaque contre trois zones résidentielles et des terrains agricoles dans la province de Saada (nord). Cette attaque dans le bastion des rebelles chiites Houthis a fait deux blessés, selon Amnesty. Les armes à sous-munitions peuvent contenir plusieurs centaines de mini-bombes qui se dispersent sur un vaste périmètre mais n'explosent pas toutes, se muant de facto en mines antipersonnel tuant et mutilant en majorité des civils pendant et après les conflits.
Abstention. Une centaine de pays ont ratifié la Convention d'Oslo de 2008 interdisant les bombes à sous-munitions, mais l'Arabie saoudite et les Etats-Unis notamment ne l'ont pas fait. Human Rights Watch avait déjà accusé en décembre dernier la coalition d'avoir utilisé des roquettes à sous-munitions de fabrication brésilienne dans une attaque au Yémen qui a tué deux civils et blessé six autres. Cette attaque était intervenue un jour après que le Brésil, l'Arabie saoudite, les Etats-Unis et le Yémen se sont abstenus lors d'un vote à l'Assemblée générale de l'ONU qui a entériné l'interdiction de l'utilisation des armes à sous-munitions.
"Un usage limité." La coalition arabe intervient militairement au Yémen depuis mars 2015 afin de soutenir le président de ce pays Abd Rabbo Mansour Hadi contre les Houthis, alliés aux partisans de l'ancien chef d'Etat Ali Abdallah Saleh. Régulièrement accusée d'avoir tué des civils lors de ses bombardements aériens, elle avait admis le 19 octobre avoir fait "un usage limité" de bombes à sous-munitions britanniques de type BL-755. L'Arabie saoudite avait par la même occasion fait savoir qu'elle n'utilisait désormais plus ces bombes.