D'anciens soldats de la Légion étrangère sont visés par une plainte déposée jeudi à Paris par une ONG qui les accuse d'avoir été employés comme mercenaires par les Emirats arabes unis pour commettre des assassinats au Yémen, ont annoncé les avocats de l'association. L'Alliance internationale pour la défense des Droits et des Libertés (AIDL), fondée par un journaliste yéménite en exil, Mohamed Al Shami, a déposé une plainte avec constitution de partie civile au tribunal de Paris pour "crimes de guerres" et "participation à une activité de mercenaire".
Des assassinats ciblés au Yémen
La plainte s'appuie en particulier sur un article publié cet automne par Buzzfeed aux États-Unis, au sujet de mercenaires recrutés au nom des autorités émiraties pour mener une campagne d'assassinats ciblés au Yémen. Deux mercenaires américains y livraient le récit d'une opération menée le 29 décembre 2015 à Aden, visant un député du parti Al-Islah, une formation proche de la confrérie des Frères musulmans.
Selon la plainte, leur mission incluait aussi "les assassinats programmés de 22 autres individus". Neuf anciens militaires de la Légion étrangère française, à l'identité encore inconnue, auraient également fait partie de cette équipe de mercenaires mise en place par une société privée américaine, Spear Operations Group. Les plaignants accusent Mohammed Dahlane, ancien homme fort du Fatah dans la bande de Gaza et aujourd'hui exilé aux Émirats arabes unis, où il conseille le prince héritier, d'avoir organisé ce recrutement.
La citoyenneté française des mercenaires en question
La justice française serait compétente pour mener des investigations à condition qu'un des suspects soit de nationalité française, ce qui n'est pas encore établi à ce jour. Mais selon les avocats, la probabilité qu'au moins un des ex-légionnaires ait obtenu la citoyenneté française après son service est très élevée. Cette plainte "constitue pour les juges français l'opportunité d'enrayer la banalisation de la privatisation de la guerre et le recrutement de mercenaires français", ont commenté Mes Laurence Greig et Joseph Breham dans un communiqué. Les deux avocats, qui avaient demandé à la Cour pénale internationale d'ouvrir une enquête en novembre 2017 pour "crimes de guerre" contre les Émirats arabes unis, ont par ailleurs complété leur dénonciation avec ces nouveaux éléments.