Robert Mugabe s'estime le seul dirigeant légitime du Zimbabwe et résiste aux pressions de l'armée qui cherche à l'écarter du pouvoir, mais le vieux dirigeant de 93 ans pourrait n'avoir d'autre option que de céder la place dignement. Au lendemain de la prise du pouvoir par les militaires, Robert Mugabe maintenait jeudi qu'il n'a absolument pas l'intention de démissionner avant les élections prévues l'an prochain, dit-on de source politique. "C'est une sorte de bras de fer, une impasse", a dit cette source, qui a pu s'entretenir avec des proches du chef de l'Etat, assignés comme lui et sa famille à l'intérieur du palais présidentiel à Harare. "Ils disent que le président doit finir son mandat."
Mugabe en bout de course. Robert Mugabe, au pouvoir depuis 37 ans, est toujours admiré par de nombreux Africains comme un héros de la lutte anti-coloniale des années 1960 et 1970 mais est considéré comme un despote par les Occidentaux. Ces derniers estiment que sa gestion désastreuse de l'économie et son recours à la violence pour se maintenir au pouvoir a ruiné l'un des États les plus prometteurs du continent africain. En prenant le pouvoir, les militaires avaient pour principal objectif d'empêcher l'épouse du chef de l'État, Grace Mugabe, 52 ans, de lui succéder, estime-t-on dans les milieux politiques.
Détestée par les militaires et peu populaire, Grace Mugabe est considérée comme une personnalité clivante dont les goûts de luxe lui ont valu le surnom de "Gucci Grace". Mais Robert Mugabe semble arriver lui-même en bout de course. La police, qui lui était autrefois fidèle, n'a montré aucun signe de résistance. Au sein de la Zanu-PF, le parti au pouvoir, ses partisans ne se comptent plus que sur le bout des doigts. Les rues de Harare sont restées calmes jeudi, au lendemain du coup de force des militaires.