Quel objet sollicitons-nous 150 fois par jour et se vend au rythme effréné de 57 exemplaires chaque seconde dans le monde ? Réponse : nos smartphones. Quelle industrie pousse certains sous-traitants à employer des enfants, à envoyer des ouvriers dans des mines aux allures d’enfer ? Les fabricants de smartphones aussi. C’est la conclusion du nouveau numéro du magazine Cash Investigation que proposera France 2 mardi soir.
Des enfants exploités. "Nous avons découvert du travail d’enfant à grande échelle, à Nanchang, en Chine", a expliqué Elise Lucet, invitée d’Europe 1 mardi matin. En planque à la sortie d’une usine, les journalistes de Cash découvrent des enfants de 12 à 15 ans. Ils constitueraient jusqu’à 50% des emplois de cette usine où les ouvriers travaillent en combinaison, avec un numéro dans le dos, 13 heures par jour, de nuit 1 mois sur 2, avec un jour de congé… toutes les deux semaines.
Le mea culpa d’un industriel français. "J’ai du mal à croire que des industries aussi puissantes ne puissent pas vérifier et voir que leurs téléphones sont fabriqués par des enfants", oppose Elise Lucet aux fabricants, comme le chinois Huawei dont le fournisseur d’écrans emploierait des enfants. La journaliste, qui s’invite à une réunion où est présent le patron de Huawei France, se fait sèchement reconduire à la sortie, tandis qu’une attachée de presse zélée use de ses deux mains pour boucher la vue aux caméras de France 2.
Quant au patron de Wiko, société française de smartphones premiers prix, associé au chinois Tinno, il opère, face à Elise Lucet, un mea culpa en règle et jure avoir rompu depuis tout lien avec l’usine mise en cause.
Morts, guerre et pollution. Autre pratique peu avouable que ne revendiquent pas les sociétés de smartphones - Elise Lucet se heurte au silence des dirigeants de Nokia et Samsung - l’extraction du tantale, en République démocratique du Congo. Pour récupérer ce minerai utile à la mémoire des téléphones, cinq mineurs meurent chaque mois dans des mines où la température grimpe jusqu’à 43 degrés. Là encore, la caméra de France 2 a pu saisir des images d’enfants ouvriers.
Des composants dont la vente financerait certaines milices armées. Dans la région de Kivu, on parle des minerais de sang. Cash Investigation tente de remonter la piste d’un acheteur. Toutes ses coordonnées conduisent à Hong-Kong et… à un bureau exigu qui vend des kits de sociétés-écrans. La Chine où une ville entière aurait été sacrifiée au profit d’un sous-traitant qui pollue sols et eau avec des déchets toxiques et radioactifs. De quoi faire pousser une deuxième rangée de dents aux moutons et alerter les services secrets qui ont pisté, sans aucun soin de discrétion, les journalistes de la Deux.