Vendredi dernier, la justice a interdit au site d'investigation Mediapart de publier un article qui devait révéler une nouvelle fois les "pratiques politiques" du maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau. Rebondissement dans cette affaire : ce lundi après-midi, Europe 1 a appris que Mediapart allait pouvoir tenter de faire annuler cette décision de justice.
"On n'a pas eu la possibilité de défendre nos arguments"
Une audience va se tenir ce vendredi après-midi au tribunal judiciaire de Paris. Un espoir pour le site d’investigation, qui est vent debout contre cette décision de justice. Ils dénoncent une "censure préalable", du "jamais vu". Car vendredi dernier, les journalistes n’ont pas pu exposer leurs arguments devant le tribunal. Ils ont simplement vu arriver un huissier à la rédaction, qui les a informés de l’interdiction de publier l’article.
C’est ce qu'expliquait l’auteur de l’article, Antton Rouget, dans Culture Médias ce lundi matin. "Nous n'avons aucune difficulté à répondre de nos enquêtes, y compris devant les tribunaux, ça nous arrive souvent, on estime que c'est une responsabilité quand on publie des articles de défendre la qualité de notre travail. [...] Là, nous ne sommes pas dans ce registre-là", a-t-il insisté au micro de Culture Médias.
"On n'a pas été informé et on n'a pas eu la possibilité de défendre nos arguments. On a seulement été informé de notre interdiction de publier. Gaël Perdriau explique que les informations que nous nous apprêtions à publier porteraient atteinte à sa vie privée, ce qui n'est évidemment pas le cas. Sa vie privée ne nous intéresse pas, ce sont ses pratiques politiques qui nous intéressent et que l'on documente depuis la fin du mois d'août", a souligné Antton Rouget.
Bientôt une loi pour empêcher d'interdire la publication d'un article ?
Une situation qui ne se reproduira peut-être plus, car il sera peut-être bientôt impossible d’interdire la publication d’un article, sans que les journalistes n’aient pu exposer leurs arguments. Une proposition de loi a été déposée ce lundi par une sénatrice centriste, Nathalie Goulet. Elle veut compléter la loi sur la liberté de la presse avec cette phrase : "une publication ne peut être interdite qu’en application d’une décision judiciaire rendue contradictoirement".
Mediapart est très soutenu depuis le début de l'affaire. Des hommes et femmes politiques, près d’une quarantaine de sociétés et d’organisations de journalistes, des avocats et des ONG défendent le média d'investigation.