Xavier Dupont de Ligonnès a beau être l'homme le plus recherché de France, pour Bruno de Stabenrath, il reste Xavier, son vieux pote de Terminale. Près de 10 ans après le quintuple meurtre, celui qui se présente comme un proche du père de famille publie chez Gallimard L'ami impossible, où il raconte ses efforts de recherche, ses incompréhensions et ses suppositions. "Je veux faire bouger les lignes. Ce livre va réveiller les consciences. Des gens savent des choses et ils doivent parler", affirme Bruno de Stabenrath mercredi sur Europe 1.
"Il est toujours vivant, j'en ai la conviction"
A l'annonce de la disparition de la famille Dupont de Ligonnès en avril 2011, lui croit d'abord, comme beaucoup à l'époque, à un départ en voyage un peu précipité. "Et puis on a trouvé les corps...", se souvient-il. La femme de son ami, Agnès, ainsi que leurs quatre enfants ont été enterré sous une chape de ciment, dans le jardin de leur maison nantaise. Commence alors la traque du mari, que tout accuse depuis. "Il est toujours vivant, j'en ai la conviction. Il n'est pas homme à se donner la mort", appuie Bruno de Stabenrath.
Après avoir quitté Nantes, on sait seulement que Xavier Dupont de Ligonnès a pris la route de Roquebrune-sur-Agens. La police perd ici sa trace. Pour Bruno de Stabenrath, Dupont de Ligonnès, "joueur d'échec", ne s'est rendu là-bas que pour brouiller les pistes. Il aurait ensuite pris un train pour Paris puis une correspondance pour la Hollande. A Rotterdam, il aurait embarqué sur un cargo de fret et pour franchir le détroit de Gibraltar. Aujourd'hui, avance Bruno Stabenrath, il pourrait se cacher dans la "zone des trois frontières", entre le Laos, le Cambodge et le Vietnam. "En cas de danger, il n'aurait que quelques kilomètres à faire pour changer de pays."
"Il aimait Agnès, il adorait ses enfants"
Empruntant au lexique de la criminologie, il pointe du doigt un crime "altruiste". "Un an et demi avant les faits, il sait qu'il va dans le mur. Il estime que tuer sa famille est la meilleure solution pour eux, pour leur éviter la honte et le déshonneur." Dupont de Ligonnès rencontrait depuis des mois de gros problèmes d'argent, qu'il cachait soigneusement à sa famille. "Mais je sais, d'après ses confidences, qu'il aimait Agnès, qu'il adorait ses enfants."
Dans le dernier chapitre de son livre, Bruno de Stabenrath s'adresse directement à son ami. "Je suis peut-être candide, mais j'aimerais qu'il entende ma voix."