BFMTV va tester dimanche l'une des figures des "gilets jaunes", Ingrid Levavasseur, comme chroniqueuse d'une de ses émissions d'actualité, une initiative qui suscite des questionnements au sein de la rédaction de la chaîne d'information en continu. Cette aide-soignante de l'Eure "participera ce dimanche à l'émission Et en même temps présentée par Apolline de Malherbe, entre 18 et 19 heures", a précisé BFMTV dans un communiqué, suite à des informations de Closer.
"La collaboration sera décidée à l'issue de cette émission". "Madame Levavasseur interviendra parmi les chroniqueurs de l'émission, comme citoyenne, par ailleurs engagée dans le mouvement des 'gilets jaunes'", souligne la chaîne. "La suite de la collaboration entre Madame Levavasseur et la chaîne sera décidée à l'issue de cette première émission", indique BFMTV. C'est l'animatrice Apolline de Malherbe qui a eu l'idée de proposer à Ingrid Levavasseur de rejoindre les chroniqueurs de son émission de débats politiques. Ingrid Levavasseur recevra 150 euros brut par émission. "C'est une rémunération totalement classique pour un chroniqueur. C'est d'ailleurs moins une rémunération qu'un dédommagement car elle habite loin", a déclaré Apolline de Malherbe.
"Elle incarne une France peu représentée". L'animatrice explique avoir contacté Ingrid Levavasseur car "elle incarne une France qui est parfois peu représentée mais qui est une France très présente". La jeune femme "vit seule avec deux enfants" en Normandie, avec des revenus modestes, a ajouté l'animatrice qui souhaite avoir "une pluralité de points de vue" dans son émission. "Dans son ton, on sent une forme de sincérité et de modération. Elle n'est pas dans l'outrance", poursuit la journaliste. "Dans l'absolu", l'animatrice aimerait pouvoir en faire "une chroniqueuse régulière" de son émission. "En même temps, je veux que la liberté reste totale de part et d'autre. Il faut qu'Ingrid Levavasseur se sente à l'aise. Et moi je veux qu'elle apporte quelque chose". Et si cette "gilet jaune" décide d'être candidate aux élections européennes, "elle cessera d'être chroniqueuse" sur BFMTV, précise Apolline de Malherbe.
Des problèmes de déontologie ? La Société des journalistes (SDJ) de BFMTV a interrogé en fin de semaine la rédaction en chef sur l'opportunité d'un tel choix. Des journalistes se demandent si tout cela ne pose pas des problèmes de déontologie et si la chaîne ne cherche pas à surfer sur la vague des "gilets jaunes". Samedi dernier, des heurts entre manifestants et forces de l'ordre avaient éclaté à Paris, à proximité des locaux de BFMTV et de France Télévisions, où plusieurs centaines de "gilets jaunes" étaient venus conspuer les "journalistes collabos".