La polémique dure et ne faiblit pas. Le CSA, qui a reçu plus de 25.000 plaintes relatives à un canular jugé homophobe de l'animateur de C8 Cyril Hanouna dans l'émission Touche pas à mon poste (TPMP), a annoncé mardi qu'il ouvrait une procédure de sanction à l'encontre de la chaîne. Une étape de plus dans la longue histoire qui lie l'institution à l'animateur de Touche pas à mon poste. Alors que des associations et militants représentants de la communauté homosexuelle dénoncent la passivité du CSA, la question se pose quant à la marge de manoeuvre du gendarme de l'audiovisuel à l'encontre de chaîne et de l'animateur ?
Touche pas à mon poste, un lourd passif. Dans son communiqué de mardi, le CSA revient sur les sanctions qu'il a déjà prise à l'encontre de Touche pas à mon poste. En novembre 2016, le CSA avait prononcé une mise en garde et une mise en demeure contre C8, en réponse à deux séquences de l’émission de Cyril Hanouna et sa bande.
Deux autres séquences (datant de novembre et décembre) avaient par la suite fait l'objet d'une instruction. Le rapporteur indépendant du Conseil d'État avait été saisi. Hasard du calendrier, ce dernier a rendu ses conclusions lundi soir et les dirigeants de C8 vont être auditionnés dans les quinze jours.
Quels risques pour l'émission et C8 ? Dans son communiqué, le CSA tient à rappeler que "seul le rapporteur, en application de la loi, a la maîtrise" du délai de la procédure. Pour autant, concernant les premiers dossiers instruits datant de la fin de l'année dernière, le régulateur pourrait rapidement annoncer des sanctions, après les auditions des dirigeants prévues dans les quinze jours.
À terme, C8 et Cyril Hanouna peuvent risquer très gros. La chaîne, tout d'abord, pourrait être frappée au portefeuille, à hauteur de 3% de son chiffre d’affaires. Elle pourrait aussi être contrainte de suspendre Touche pas à mon poste pendant une durée déterminée ou même de programmer son émission-phare à une heure plus tardive. Enfin, le CSA peut aller jusqu'à la résiliation de la convention qui permet à C8 d'émettre. Ce dernier cas paraît toutefois hautement improbable.
D'après Le Figaro, Touche pas à mon poste aurait rapporté près de 80 des 160 millions d'euros de revenus publicitaires engrangés par la chaîne en 2016. En cas de suspension de l'émission, C8 pourrait donc faire grise mine.
Ce qui change cette fois-ci. Comme le rappelle le CSA, C8 a déjà fait l'objet de "deux mises en demeure pour méconnaissance du respect de la dignité humaine". Cette nouvelle séquence, jugée homophobe, pourrait donc être analysée comme un cas de récidive. De plus, C8 doit déjà faire face à la défection d'une trentaine d'annonceurs. La chaîne est donc déjà touchée au portefeuille et si la situation se poursuit, elle pourrait rapidement prendre elle-des mesures.