"Où est Peng Shuai ?". En novembre dernier, le journal L'Equipe alertait sur le sort Peng Shuai. Cette joueuse de tennis chinoise avait accusé de viol un ancien dirigeant chinois sur les réseaux sociaux. Son message avait été rapidement supprimé, et depuis la joueuse était portée disparue et le quotidien français lui avait consacré sa Une. Elle était ensuite simplement réapparue sur des photos non authentifiées. Lundi, le journal L'Equipe consacre sa Une à l'entretien exclusif que ses journalistes Sophie Dorgan et Marc Ventouillac ont obtenu avec Peng Shuai.
"La délégation de L'Equipe qui est partie aux Jeux olympiques à Pékin a fait une demande d'interview avec Peng Shuai auprès du comité olympique chinois", explique à Europe 1 Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. "On n'y croyait pas tellement, et finalement ils sont revenus vers nous pour nous dire qu'ils étaient d'accord, si c'était dans le cadre d'un entretien. Nous avons accepté à condition qu'ils ne demandent pas un relecture de l'entretien."
Peng Shuai, "pas libre de circuler et de s'exprimer"
"Je pense qu'ils voulaient plutôt un média de presse écrite, qui pourrait donner suffisamment d'espace", ajoute Jérôme Cazadieu à notre micro. "Je pense que nous sommes considérés comme un média sérieux, voire très sérieux, par le CIO. Et je crois que les autres médias n'ont pas fait cette démarche et nous avons occupé cet espace."
Dans les pages du quotidien, la joueuse a évoqué un "énorme malentendu": elle assure n'avoir jamais dit que quiconque lui avait fait subir une quelconque agression sexuelle et explique que sa vie n'a pas changé. Elle a également évoqué des difficultés de santé qui compromettraient sa carrière.
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Selon Jérôme Cazadieu, les deux journalistes n'ont pas été dupes des propos de Peng Shuai. "C'est un exercice particulier, parce que vous rencontrez quelqu'un dont nous savez qu'elle n'a pas la liberté de circulation et d'expression. Et vous lui posez des questions auxquelles il est pour elle très difficile de répondre", rappelle-t-il. "Je dirais qu'on a perçu dans son langage corporel et ses regards à la fois des moments où elle s'est un peu éteinte, notamment à chaque fois que l'on a posé des questions sur l'affaire. Et des moments où elle était très chaleureuse, quasiment dans une forme d'appel, notamment du regard et au travers de ses 'merci' à la fin."
Sur Twitter, la journaliste Sophie Dorgan a partagé l'article en commentant "Juste un mot, un seul : je pense fort à Peng Shuai."