Malgré la fin du séisme Mediapro, ses ondes de choc continuent de parcourir le football français. Ce sont elles qui ont en effet permis l'arrivée tonitruante d'Amazon dans la diffusion des matchs de la Ligue 1 et la Ligue 2. Une entrée sur le marché des droits TV qui a surpris beaucoup de monde, et qu'expliquent lundi dans Culture Médias le journaliste médias à L'Equipe Sacha Nokovitch et le responsable des études économiques au Centre de Droit et d'Economie du Sport (CDES) Christophe Lepetit.
Alors que l'enjeu du football français était de trouver un diffuseur stable pour la Ligue 1 et la Ligue 2, tous les yeux étaient (logiquement) tournés vers Canal+ et BeIn Sports. Finalement, c'est Amazon qui a été retenu, raflant 80% des matchs. "En février dernier, quand Mediapro était parti, Canal+ est arrivé comme sauveur. Il avait versé 200 millions d'euros d'un coup, une sorte d'avance sur la fin de saison, en réglant un bonus de 35 millions pour aider les clubs à ce moment-là", rappelle le journaliste média à L'Equipe Sacha Nokovitch.
Une "offre discrète" d'Amazon arrivée "au dernier moment"
Un sauvetage qui n'a pas suffi pour gagner le nouveau contrat, différent de la procédure habituelle. "L'appel d'offres, pour récupérer les fameux matchs que diffusait Mediapro jusqu'alors, a été déclaré infructueux en début d'année. Ce qui obligeait à une négociation de gré à gré en direct, et pas une procédure d'enchères habituelles", précise Sacha Notovitch. "À tout moment, un nouvel acteur pouvait arriver et proposer une somme sur la table de manière assez discrète. Ce qu'a fait Amazon au dernier moment, jeudi soir, juste avant le Conseil d'administration de la Ligue."
C'est cette offre soudaine d'Amazon qui a surpris tout le monde, même si Canal+ la sentait venir, selon le journaliste de L'Equipe. "Canal+ le dit régulièrement, il y a toujours eu une surprise. La Ligue ne veut jamais le laisser seul sur le marché et c'est ce qui s'est passé. Elle a préféré un nouvel acteur, qui plus est puissant", analyse-t-il.
"On comprend le malaise de Canal+"
Au moment où Amazon fait son offre, le groupe estime, grâce aux révélations de la presse, le montant de la somme promise par Canal+. "Amazon a pu s'adapter et en profiter", observe le journaliste de L'Equipe. "Le grand gagnant de cette histoire, c'est Amazon qui profite de 80% des matchs de Ligue 1 pour une somme très raisonnable : 250 millions d'euros par saison."
Une somme qui a fait grincer des dents chez Canal+, qui a annoncé son retrait vendredi. "Amazon aurait mis un ticket de 250 millions d'euros sur la table pour s'adjuger ces huit rencontres par journée de Ligue 1, là où Canal+, via beIn Sports et leur accord de sous-licence, verse 332 millions d'euros pour deux rencontres", complète le responsable des études économiques du CDES Christophe Lepetit. "On comprend le malaise du côté Canal+ d'avoir un montant supérieur pour seulement deux rencontres..."