Europe 1 et l'ensemble des radios privées manifestent leur opposition à la suppression du plafonnement des revenus publicitaires de Radio France. En retirant la limite, déjà haute, de 42 millions d'euros du nouveau Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) de Radio France sans aucune information ni consultation préalable des radios privées, le gouvernement ne tient pas ses promesses, assume le déséquilibre du marché et surtout envoie un très mauvais signal au secteur privé, estiment le Bureau de la radio (BDR), qui représente les quatre grands groupes radiophoniques privés M6 (RTL, RTL2, Fun Radio), NRJ (NRJ, Nostalgie, Chérie FM, Rire et Chansons), NextRadioTV (RMC, BFM Business), Lagardère News (Europe 1, RFM, Virgin Radio) et le SIRTI, le syndicat des radios indépendantes réunit 180 radios privées locales, régionales, thématiques et généralistes en France (Oui FM, Alouette, Radio Nova, Sud Radio, Radio Scoop, M Radio, Tendance Ouest, Latina, 100%, Top Music, Contact FM, TSF Jazz, Beur FM…).
Que Radio France soit officiellement autorisé à se comporter sur le marché comme un acteur concurrentiel est inacceptable
Radio France, acteur public bénéficiant pourtant de règles moins contraignantes, notamment en termes d’exposition de la création francophone, est désormais officiellement autorisé à se comporter sur le marché comme un acteur concurrentiel. C’est inacceptable.
En 2016, lors de l’ouverture de la publicité commerciale sur les antennes de Radio France (France Inter, France Info et le réseau local France Bleu) dans le but de régulariser certaines pratiques déloyales et illicites sanctionnées par la justice, le gouvernement s’était engagé à maintenir les grands équilibres du marché auprès des radios privées (financées exclusivement par la publicité) par l’instauration d’un montant annuel maximal (42 millions d'euros) de recettes publicitaires.
Malgré de nombreuses alertes des radios privées et plusieurs rapports publics (CSA, Cour des Comptes, Parlement…), Radio France a systématiquement dépassé ce plafond au mépris de ses engagements et sans aucune réaction de son ministère de tutelle.
Le gouvernement ne tient pas ses promesses et envoie un très mauvais signal au secteur privé
Alors que le média radio traverse, comme beaucoup d’autres secteurs, une crise économique sans précédent, les éditeurs privés, qui diffusent les messages sanitaires gouvernementaux à titre gracieux, attendent toujours le versement du fonds de soutien exceptionnel à la diffusion hertzienne.
Dans le même temps, Radio France bénéficie, au-delà de ses recettes publicitaires, d’un financement public. Les ressources de Radio France en 2020, assurées à plus de 90% par la Contribution à l’Audiovisuel Public (CAP, redevance), vont au-delà de 630 millions d'euros, soit un montant supérieur à l’ensemble du marché publicitaire de la radio.
Les craintes exprimées par les radios privées avant le décret du 5 avril 2016 s’avèrent donc aujourd’hui exactes :
- Radio France voit son chiffre d’affaires (CA) publicitaire en forte augmentation depuis 2016, + 30% en 5 ans, dans un marché radio structurellement en baisse depuis 15 ans (-28%) ;
- En 2020, période de pandémie, la régie publicitaire de Radio France est la seule qui voit son CA progresser sur 3 trimestres par rapport à 2019 (source : CSA) ;
- Radio France réalise sa croissance grâce à des annonceurs communs aux radios privées. En 2020, 90% du CA de Radio France est effectué avec des annonceurs communs aux radios privées (source : Kantar).
En retirant la limite, déjà haute, de 42 millions d'euros du nouveau COM de Radio France sans aucune information ni consultation préalable des radios privées, le gouvernement ne tient pas ses promesses, assume le déséquilibre du marché et surtout envoie un très mauvais signal au secteur privé.
Radio France, acteur public bénéficiant pourtant de règles moins contraignantes, notamment en termes d’exposition de la création francophone, est désormais officiellement autorisé à se comporter sur le marché comme un acteur concurrentiel. C’est inacceptable.
Comme préconisé par plusieurs personnalités politiques ces dernières années, les radios privées réunies au sein du Bureau de la Radio et du SIRTI, Radio Classique et Skyrock réitèrent leur demande de suppression de la publicité sur les antennes de Radio France.