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Football : la Ligue de football française entame un bras de fer judiciaire avec DAZN

Cyrille de la Morinerie // Crédit photo : Gabriel BOUYS / AFP - Mis à jour le . 2 min

Après le fiasco Mediapro, la désillusion DAZN. Les présidents de club se sont réunis en urgence mardi soir, car la chaine britannique menace de ne pas payer la 4ème échéance ce vendredi. Sans plus attendre, la Ligue de football professionnel a assigné en référé DAZN, qui détient les droits TV de la Ligue 1 devant le tribunal de commerce de Paris. La LFP veut s’assurer du paiement par la plateforme britannique de l’échéance de février, vitale pour les clubs de ligue 1.

Nouvelle crise des droits télé. DAZN, qui diffuse 8 matchs par journée de Ligue 1, n’a payé que la moitié de sa facture de février. La chaine a placé les 50% restant sous séquestre, soit la bagatelle de 35 millions d’euros. La plateforme britannique, qui s’est engagée à verser 400 millions d’euros par an à la Ligue (BeIN Sports paie 100 millions pour un match par semaine), reproche notamment à la Ligue de ne pas lutter suffisamment contre le piratage. Seuls 500.000 passionnés se sont abonnés à la chaine, loin des 1,5 million requis pour être rentable.

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"DAZN ne veut pas partir, il veut payer moins cher", explique un spécialiste des droits TV

Après le psychodrame Médiapro, la catastrophe semble se répéter et il y a de quoi être inquiet, estime sur Europe 1, Pierre Maes, spécialiste des droits TV. "Lorsque vous assignez votre diffuseur principal, on ne peut pas dire que l’ambiance soit excellente entre les deux parties. On peut donc être inquiet."

Mais selon lui, il s’agit surtout pour DAZN d’obtenir un rabais. "Il y a une grosse différence avec Mediapro, c’est que Mediapro avait envie de partir et n’avait pas l’argent pour payer les près de quatre milliards d’euros du contrat d’où le défaut de paiement. Dans les mois qui ont suivi, ils sont partis tandis que DAZN ne veut pas partir. DAZN a la volonté qu’ils manifestent de manière assez agressive de négocier son contrat. Mais DAZN veut rester", souligne-t-il.

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La lutte contre le piratage insuffisante selon DAZN

La plateforme britannique peine à séduire des abonnés malgré une baisse régulière de prix de son offre. À la fin de l’année 2024, il fallait débourser un peu moins de 20 euros pour s’abonner. En février, DAZN a proposé un Pass fin de saison à 49 euros pour voir tous les matchs et certaines rencontres de basket français.

Mais pour la chaine, le compte n’y est pas. D’où cette tentative de négocier le prix avec la Ligue explique Pierre Maes. "La première raison de ce non-paiement, c’est qu’ils n’ont pas assez d’abonnés. Ils invoquent le piratage, mais cela existait avant leur arrivée. Ont-ils des documents montrant que la Ligue est passive ? Autre raison, ils estiment que les clubs n’offrent pas assez de possibilités à leurs équipes de filmer des contenus exclusifs dans les vestiaires, à l’entrainement etc", détaille le spécialiste des droits TV.

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La France, pays européen le plus touché par la baisse des droits TV

Un bras de fer judiciaire est désormais engagé. La raison ? Les présidents de club ont besoin de cet argent pour payer les salaires. Une crise qui pourrait durer plusieurs mois. Les deux parties ont la possibilité de rompre le contrat d’ici la fin de l’année.

"C’est certain que tout cela ne sent pas la sérénité. L’accord avec DAZN a été fait en bout de course dans les derniers instants. On peut se demander si la Ligue a tous les moyens et la compétence pour vendre les droits TV, pour les vendre de la meilleure des façons même si elle s’est professionnalisée en créant notamment la filiale LFP Media", s’interroge Pierre Maes qui met aussi en exergue la baisse continue des droits TV presque partout en Europe.

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"La concurrence entre les opérateurs qui a fait grimper les droits TV à des sommets jamais vu auparavant, c’est maintenant terminé ! La France est la plus touchée par cette décroissance des droits TV, l’Italie a baissé de 10%, l’Allemagne a très peu baissé, l’Angleterre a maintenu ses droits tandis que l’Espagne va bientôt les renégocier", précise-t-il.   

Quant au risque d’écran noir en France, il semble pour le moment exclu. En cas de départ de DAZN, La ligue pourrait créer une plateforme et diffuser elle mêmes les matchs.