LeQuotidien de La Réunion a annoncé qu’il ferait l’impasse sur le Mondial-2022 de football organisée au Qatar (20 novembre-18 décembre) en raison "des atteintes intolérables à la dignité, aux libertés humaines, aux minorités, à la planète" dans l’organisation du tournoi. "Sans nous", a titré sur fond de stade vide LeQuotidien de La Réunion, l’un des deux journaux régionaux de l’île, en Une de son édition de mardi. C’est la première fois en France qu’un média annonce boycotter cet événement majeur de la planète foot.
Des informations sur les problématiques écologiques et humaines portée par la compétition
Dans un communiqué adressé aux autres médias locaux, le journal a précisé qu’il n’y aurait "plus ni articles, ni publicités évoquant l’aspect sportif de ce Mondial-2022". "Notre journal boycottera tout ce qui est en lien avec l’événement sportif, mais relayera les informations en lien avec les problématiques écologiques et humaines portées par la compétition", a indiqué mardi 13 septembre au matin le directeur du Quotidien, Vincent Vibe.
"Nous dénonçons les conditions d'organisation de cette Coupe du monde"
"Nous, on a choisi de rendre invisible la Coupe du monde dans nos colonnes", surenchérit le rédacteur en chef Kevin Bulard sur Europe 1. "Afin de rendre visible tout ce qu'on dénonce dans cette Coupe du monde. On n'est surtout pas là pour donner des leçons. On ne boycotte pas un pays d'ailleurs. On ne boycotte pas le Qatar. Parce que si cet événement s'était produit en Chine, en France, aux Etats-Unis, n'importe ou sur la planète, on l'aurait boycotté de la même manière. Ce sont les conditions d'organisation de la Coupe du monde que nous dénonçons. Si on peut fédérer autour de cette décision, contribuer à éveiller les consciences, on en sera très fier".
Des conséquences financières pour le journal
La rédaction justifie ce choix par le respect de sa ligne éditoriale qui "défend des valeurs de respect, de bienveillance, d’engagement, d’indépendance et de liberté d’expression". "Ce projet de boycott a été proposé par le chef du service des sports du journal", explique Vincent Vibert. "Il ne savait pas comment relayer l’événement, il a donc proposé à la direction de tout simplement le boycotter, ce que nous avons validé et présenté en interne", ajoute-t-il.
Cette décision est un vrai engagement éthique, puisqu'elle aura des conséquences financières sur le journal. "C'est un événement de portée mondiale, évidemment, ça a un impact sur les ventes. Quand on ne publiera pas de comptes rendus des matchs et quand on ne publiera pas de publicité, forcément on se privera de rentrées d'argent. Mais ça, c'est une question qu'on a très rapidement mise de côté. On s'est dit 'on va d'abord porter nos valeurs'. Vous savez que la presse est en crise, qu'elle est fragile, donc ce n'est pas neutre pour nous", souligne Kevin Bulard sur Europe 1.