Ils ne l'ont pas appelé "Monsieur le président", mais tout simplement "Emmanuel Macron". Dimanche soir, Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin ont mis à mal les codes de l'interview présidentielle au cours d'un entretien de 2h30 particulièrement pugnace. "J'ai eu l'impression de voir Louis XIV sur un ring de boxe, boxé par deux intervieweurs assez punchy", commente lundi Harold Hauzy, ex-conseiller pour la communication de Manuel Valls à Matignon, et invité de Village médias sur Europe 1.
Et "en même temps". Pour ce communicant, cet entretien répondait à un double objectif, plutôt contradictoire : restaurer l'autorité présidentielle, mise à mal par un vent de contestations face aux réformes, tout en offrant un exercice de vérité, sans concessions. "La volonté de l'Elysée, c'était une volonté 'en même temps' : sacraliser la fonction présidentielle, avec un décor incroyable, la descente de l'escalier et la tour Eiffel, et de l'autre, ce qui est schizophrénique, brutaliser le président dans des conditions assez terribles", résume ce spécialiste.
Jupiter devenu simple gladiateur. "Le non-respect d'une personne ne crée pas l'indépendance journalistique. […] Même ceux qui n'ont pas voté pour lui disent "Monsieur le président", tacle de son côté Franck Louvrier, ancien conseiller presse de Nicolas Sarkozy, également invité de Village médias. Pour Harold Hauzy, cette proximité et les violentes apostrophes des journalistes ont fini par atteindre la sacralité même du chef de l'Etat. "Au fil de l'émission, on voit Jupiter qui devient Hercule, donc il perd un degré de divinité, et qui, à la fin des fins, devient un simple gladiateur. Là, on admire l'effort. Je ne pense pas qu'il en sort grandi, mais on peut lui trouver de la ténacité et du courage", estime-t-il.
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Quel effet sur l'opinion ? "Les affaires de la France ce n'est pas un spectacle, là c'est déplorable. On savait, en mettant ces deux journalistes sur le plateau, que l'on allait avoir une bataille d’ego", déplore Franck Louvrier pour qui le président, avec cette "émission inutile et décevante", s'est livré à un exercice de com' contre-productif. Harold Hauzy se montre plus nuancé. "Le choix est bon. La question c'est : est-ce que un JT ou une émission fait le printemps ? Je suis sûr que non, donc il faut multiplier ce type de séquence", conseille-t-il au locataire de l'Elysée.
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