Dix-huit médias internationaux dont Radio France, Le Monde et France 2 ont enquêté sur le meurtre de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia et dévoileront cette semaine le fruit de leurs recherches, a indiqué lundi Forbidden Stories, le collectif qui les réunit.
Six mois après la mort de la journaliste spécialisée dans les affaires de corruption dans un attentat à la bombe, France Inter et Le Monde doivent publier mardi des premières enquêtes sur le sujet, avant que France 2 ne diffuse à son tour un reportage jeudi soir dans Envoyé Spécial. Le Guardian, le New York Times, le Süddeutsche Zeitung ou encore l'agence Reuters ont également mené l'enquête.
"Forbidden Stories" (enquêtes interdites) est un projet lancé par l'association Reporters sans frontières (RSF) et la plateforme de journalistes d'investigation Freedom Voices Network, qui vise à préserver et poursuivre les travaux de journalistes assassinés ou emprisonnés.
Une ville couverte de posters à la mémoire de la journaliste. Avant d'être tuée par une voiture piégée le 16 octobre dernier à l'âge de 53 ans, Daphne Caruana Galizia avait dénoncé un réseau de corruption impliquant de hauts responsables proches du Premier ministre travailliste maltais Joseph Muscat. Ce lundi, la capitale de l'île, La Valette, s'est réveillée couverte de posters à la mémoire de Daphne Caruana Galizia et qui attaquent le gouvernement en détournant des titres de films connus, signés par le groupe militant #OccupyJustice.
La crainte d'une enquête qui ne soit pas indépendante. Parallèlement, la Commission européenne a été enjointe par les membres de l'organisation internationale d'écrivains PEN Club, parmi lesquels le Britannique Salman Rushdie ou la Turque Elif Shafak, d'être vigilante quant aux progrès de l'enquête à Malte, dans une lettre ouverte publiée dimanche. "Nous pensons que l'enquête en cours ne respecte pas les standards d'indépendance, d'impartialité et d'efficatité requis par les lois internationales sur les droits de l'homme", soulignent les écrivains. Ils ont également demandé l'ouverture d'une enquête sur des propos tenus contre Daphne Caruana Galizia par Jason Micallef, un homme politique maltais en charge des festivités à La Valette, capitale européenne de la Culture 2018.
Trois hommes mis en examen. À Malte, l'instruction concernant le meurtre de la journaliste et blogueuse anticorruption est en cours. Trois hommes, mis en examen le 5 décembre et soupçonnés d'avoir fabriqué la bombe qui a tué la journaliste, ont plaidé non-coupable des faits qui leur sont reprochés. "Il y a en ce moment une double impunité à Malte, concernant le meurtre de ma mère et toute la corruption sur laquelle elle enquêtait", a déclaré lundi le fils de la journaliste, Matthew Caruana, en marge d'un hommage à Londres.
Des dizaines de personnes devant l'ambassade de Malte à Londres
À Londres, des dizaines de personnes se sont rassemblées lundi devant l'ambassade de Malte, brandissant des photos de la journaliste assassinée avec le mot-dièse #JusticeForDaphne. "Ce que nous demandons ce n'est pas seulement la justice pour ce meurtre mais aussi la justice pour les crimes sur lesquels notre mère écrivait", a déclaré son fils Matthew Caruana Galizia, 32 ans, en marge de la manifestation. Accompagné de son frère Paul, Matthew Caruana Galizia a décrit l'anniversaire de la mort de sa mère comme "de secondes funérailles" et dénoncé la gestion du gouvernement maltais comme "une campagne de relation publique". "Tout ce qui les intéresse, c'est comment le reste du monde voit ça et comment s'en sortir".