Mercredi soir à 20h55, France 5 propose une enquête qui dissèque le processus de fanatisation mis en place par l'EI auprès des très jeunes enfants. Un documentaire fort de ses multiples témoignages et interviews d'experts.
Enfant-soldat. Le documentaire Les enfants de Daech, diffusé mercredi à 20h55, s'ouvre sur un fait divers de 2015. Quelques semaines après les attentats de Charlie Hebdo, des élèves toulousains reconnaissent un ancien camarade dans une vidéo d'exécution de l'organisation État islamique. L'enfant y tue un soldat israélien face caméra. R., 12 ans, était parti en Syrie en août 2014 avec sa mère et son beau-père, Sabri Essid, un proche de Mohamed Merah.
Encore avec lui pour jouer dans la cour de l'école quelques mois plus tôt, ses petits camarades sont sous le choc. Deux questions reviennent en boucle : "comment R. a-t-il pu faire ça ?" mais aussi, "est-ce qu'il est devenu un méchant ?". Deux interrogations auxquelles tente de répondre le documentaire Les enfants de Daech au cours de ses 96 minutes.
Des chiffres alarmants. Avec l'aide de spécialistes - le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, Nikita Malik de l'institut de recherche contre l'extrémisme ou encore le médecin thérapeute Pierre Duterte - Les enfants de Daech détaille la méthode de Daech pour retourner le cerveau des plus jeunes. On estime actuellement que 500 mineurs vivent dans les rangs de l'État islamique. Parmi eux, un tiers est né sur place. En effet, les filles ne font pas de djihad armé, leur rôle est d'enfanter. L'EI se constitue ainsi un contingent d'enfants-soldats, entre adolescents enlevés et nourrissons issus du viol d'adolescentes yézidies.
"Très facile de fanatiser un enfant". L'endoctrinement passe lui par plusieurs étapes : des cours d'école reformatés jusqu'au maniement des armes en passant par "des exercices pratiques". Dans une vidéo, on voit ainsi un tout jeune garçon d'à peine 5 ans décapiter son ours en peluche. "Très tôt, on cherche à les désensibiliser à la violence. (...) Du coup en grandissant, il passe naturellement de cet ourson en peluche à une autre personne", souligne Nikita Malik dans l'enquête. Plus l'enfant est jeune, plus l'endoctrinement est aisé. "Il est très facile de fanatiser un enfant car c’est un moment d’hyper mémoire. Le cerveau bouillonne à ce moment-là", indique le neuropsychiatre Boris Cyrulnik dans une interview.
Terrible témoignage de cet avilissement de l'enfance, Les enfants de Daech confronte ainsi le spectateur à une horreur brutale. Un nécessaire visionnage douloureux.