"Les seniors, ce n'est pas un sous-public", assure Michel Drucker

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Anaïs Huet
Après 55 ans de carrière, Michel Drucker n'est pas encore décidé à passer la main, comme il l'a expliqué à Nikos Aliagas mercredi. À la télévision, son public a vieilli avec lui, et il considère qu'il faut lui donner ce qu'il réclame.
INTERVIEW

Michel Drucker sera-t-il toujours installé sur son canapé rouge, sous l'œil des caméras, à l'âge de 100 ans ? L'animateur vedette de 76 ans ne cache pas son ambition intime. Il a d'ailleurs fait de ce désir de longévité une obsession du temps qui passe, et de la jeunesse qui résiste. "Je suis arrivé dans ce métier il y a 55 ans, j'avais 22 ans. Et au lieu de m'en réjouir, j'ai commencé à m'en inquiéter. Je pensais déjà à la gestion du temps", a-t-il confié à Nikos Aliagas, mercredi matin sur Europe 1.

"Rester longtemps dans ce métier". "J'ai toujours essayé de comprendre comment on pouvait prendre de l'âge sans devenir vieux", explique Michel Drucker. "Mon challenge, c'est de rester longtemps dans ce métier qui est ma passion, car j'ai le goût des gens", poursuit l'animateur de France Télévisions. Pourtant, il y a deux ans, Michel Drucker s'est demandé s'il n'avait pas "atteint la date de péremption" à la télévision.

Dans son spectacle Seul avec vous, qu'il joue sur scène depuis 2015, il raconte avec humour cette réflexion que lui avait fait son ami, le fantasque Fabrice Luchini. "Dis donc, Ker-dru (Drucker, en verlan, ndlr), tu te prends pour Sarah Bernhard en allant sur scène ? Es-tu sûr d'avoir une autonomie suffisante en position verticale, toi qui es assis sur un canapé de vieux depuis 25 ans ? Méfie-toi Ker-dru, en ce moment à la télé, c'est la chasse aux vieux, et tu n'es pas un perdreau de l'année !", rapporte Michel Drucker, amusé.

>> De 7h à 9h, c'est deux heures d'info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

"Laisser la place aux jeunes"… sans oublier les vieux. La star de Vivement dimanche est conscient qu'il y a "toujours eu un diktat du jeunisme" à la télévision. "On vit une période de dégagisme. Je trouve qu'il faut laisser la place aux jeunes, bien sûr. Moi, quand je suis arrivé, c'était la fin de l'ère Guy Lux. Il y a 22 ans, j'ai pris aussi la place de Jacques Martin, donc je comprends, c'est un cycle normal", estime-t-il. Mais il estime toutefois "regrettable" que l'on veuille construire des grilles de télévision sans penser à ce public plus âgé. "Les seniors, ce n'est pas un sous-public", martèle Michel Drucker.

"En 2050, il y aura 22 millions de seniors. Il y a déjà 21.000 centenaires en France. Aujourd'hui, avoir 80 balais, c'est jeune ! Charles (Aznavour) est parti en pleine force", insiste-t-il.

En clair, si Michel Drucker veut tout faire pour rester jeune, il ne veut pas avoir honte de son âge. "Il y a dix ans, Mathieu Madénian, mon complice, disait au sujet de la tournée Age tendre et tête de bois : 'C'est Age tendre et jambe de bois !' Eh bien dix ans après, je suis allée voir le concert au Zénith, et j'étais content. Tous mes voisins avaient mon âge, et on a chanté Du côté de chez Swan, et Emmène-moi de Michèle Torr, et je n'avais pas honte du tout."