«Retourne d'où tu viens» : cette téléréalité britannique qui suscite la controverse

Diffusée depuis lundi, la nouvelle téléréalité britannique "Go back where you came from" propose à six citoyens britanniques de parcourir les routes de l'exil et d'expérimenter le quotidien des réfugiés le temps d'une émission. Un concept qui a de suite suscité de vives controverses. Associations et militants dénoncent une mise en scène indécente.
"Retourne d'où tu viens", "Go back where you came from" en version originale, une téléréalité au concept quelque peu... déroutant. Diffusée depuis le lundi 3 février sur Channel 4, cette nouvelle émission britannique propose à six candidats, dont certains se décrivent comme anti-migrants, de se frotter au quotidien des personnes qui empruntent les routes de l'immigration.
L'objectif présenté par la chaîne est plutôt simple : en partant de Syrie ou de Somalie, des candidats doivent rejoindre comme ils le peuvent la ville de Londres. Ce qui implique par exemple une traversée en canot pneumatique de la Manche, une route maritime particulièrement dangereuse où 89 personnes sont mortes l'année dernière, selon le comptage des associations d’aide aux migrants, qui inclut également les décès à terre.
Des candidats aux propos très virulents
Durant l'émission, ces candidats britanniques sont séparés en deux groupes composés de deux personnes aux opinions virulentes contre les réfugiés et d’une personne beaucoup plus tolérante, et sont emmenés à Mogadiscio, en Somalie et Raqqa, en Syrie pour constater les ravages de la guerre.
Et parmi les candidats, les plus extrêmes ne cachent pas leur point de vue : "Je voudrais que la Royal Navy pose des mines le long des côtes et fasse exploser les bateaux clandestins", déclarait par exemple Dave dans la bande-annonce de l'émission, qui n'hésitait pas à comparer les migrants à des "rats".
Le but "pédagogique" remis en question
Tirée d'un format australien, l'émission a un but "pédagogique" selon ses producteurs interrogés dans The Guardian, qui se défendent de tout racisme. "Les voix que vous entendez dans la série sont les voix que nous avons entendues dans tout le pays lors du casting", plaident-ils.
Mais pour les associations, l'argument pédagogique ne tient pas. L'ONG Amnesty International, citée dans Metro, qualifie le programme de "sensationnaliste" et de "profondément décevant". "Vous ne pouvez pas imiter l’expérience de la guerre, de la torture, de la persécution et de l’esclavage moderne à travers le prisme aseptisé de la télé-réalité", a de son côté déclaré Care4Calais au Times.