Dans la série Tropiques criminels, dont France 2 diffuse en ce moment la saison 2, Sonia Rolland incarne la commandante de police Mélissa Sainte-Rose, originaire de la Martinique. Mais c'est bien du Rwanda que vient l'actrice, qui y est née et y a grandi jusqu'au génocide des Tutsi. Un départ que Sonia Rolland décrit comme un "exil confortable", mais aussi comme un "déclassement social", et qu'elle raconte vendredi dans l'émission d'Anne Roumanoff Ça fait du bien.
Du personnel de maison aux cités bourguignonnes
"Le fait de vivre les uns sur les autres, c'était quelque chose de nouveau", sourit aujourd'hui l'actrice. Avant les HLM de Bourgogne, la famille de Sonia Rolland menait en effet une toute autre vie au Rwanda. "On avait une maison, un jardin et du personnel", se souvient-elle, évoquant les deux femmes de ménage et les trois jardiniers embauchés par ses parents.
Mais l'année de ses 13 ans, le génocide rwandais pousse ses parents à quitter le pays pour la France, om est né son père. Sa mère est embauchée dans un supermarché. "Papa devient tourneur-fraiseur", ajoute Sonia Rolland. Il dirigeait jusque-là la plus grande imprimerie du Rwanda.
"On nous demandait si on avait vécu dans des huttes"
"Mes parents ont toujours travaillé, ils ont toujours été aux commandes", explique-t-elle. "Donc vivre le déclassement social du jour au lendemain, c'est quelque chose qui nous a frappés." Mais Sonia Rolland nuance aussi la difficulté de cet exil. "Je dis toujours que c'est un exil confortable parce que je suis arrivée en France avec ma langue française et dans une culture que je connaissais plus ou moins. Mais l'environnement, je ne le connaissais pas."
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Et cet environnement n'a pas été tendre pour l'adolescente arrivée du Rwanda. "Il n'y avait pas de Noirs, on était la seule famille de Noirs", se souvient-elle. Une différence qu'on ne se manque pas de lui faire sentir. "Quand on est arrivés à l'école, on nous posait des questions tellement débiles ! Parfois, on nous demandait si on avait vécu dans des huttes en Afrique", rigole-t-elle aujourd'hui. "On se rendait compte des méconnaissances que les gens pouvaient avoir de l'Afrique."
L'ignorance a laissé place à un racisme bien plus frontal et violent lors de son élection au concours Miss France, en 2000. Sonia Rolland a reçu 2.700 lettres d'insultes et de menaces mais s'estime chanceuse d'avoir été élue avant les réseaux sociaux. "Tout ça construit une personne résiliente", analyse-t-elle aujourd'hui.