Mort d'Alain Delon : le douloureux crépuscule d'une icône du cinéma, malade et sous curatelle

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avec AFP // Crédit photo : Anne-Christine POUJOULAT / AFP , modifié à
Il souhaitait mourir "d'amour", mais son crépuscule fut difficile. Alain Delon est mort à l'âge de 88 ans entouré de ses proches dans son domaine de Douchy. Les dernières années de sa vie auront été marquées par la maladie, les querelles entre ses enfants et son placement sous curatelle renforcée par la justice, quelques mois avant sa disparition. 

Quelques mois avant son décès, il espérait mourir "d'amour" : parti dimanche à 88 ans, Alain Delon a vécu un douloureux crépuscule, passant ses dernières années dans son domaine de Douchy, gravement malade et placé sous curatelle renforcée par la justice. 

Delon s'était rendu au dernier hommage à Belmondo

Un accident vasculaire cérébral (AVC) suivi d'un hématome sous-dural aigu, qui le frappe à l'été 2019, à 83 ans, marque le début du déclin de l'acteur, qui souffrait en outre d'un lymphome de type B, un cancer du système lymphatique. Opéré à la Pitié-Salpêtrière à Paris, il était resté trois semaines en soins intensifs, avant de se reposer dans une clinique en Suisse. Alain Delon n'a plus fait d'apparitions publiques ensuite, donnant de rares nouvelles sur des photos de famille postées par ses enfants sur les réseaux sociaux. 

Il s'était toutefois déplacé, béquille à la main, en compagnie de son fils Anthony, pour le dernier hommage à Jean-Paul Belmondo, en septembre 2021. Il continuait aussi chaque année d'adresser à l'AFP un hommage aux femmes de sa vie disparues, aux dates de leurs anniversaires. La chute s'accélère à l'été 2023, sur fond de graves dissensions entre ses enfants et sa dame de compagnie, Hiromi Rollin, à ses côtés dans sa propriété de Douchy-Montcorbon (Loiret), à 120 km au sud de Paris. 

 

Des plaintes sont déposées par les enfants d'Alain Delon pour des faits de violences sur personne vulnérable et abus de faiblesse visant Hiromi Rollin. S'ensuivront des mois de querelles juridiques et médiatiques entre Anouchka, Anthony et Alain-Fabien Delon, les trois enfants de l'acteur, autour de sa prise en charge, en Suisse ou en France, avant que la justice ne prenne la main et mandate début 2024 un médecin pour évaluer son état de santé.

Celui-ci semble continuer de se dégrader : en janvier, son fils Anthony le décrit "affaibli" et qui "ne supporte plus de se voir comme ça, diminué".

"La majeure partie du temps, on ne sait pas vraiment ce qui se passe dans sa tête"

"Il parle peu, ça le fatigue ou bien ça l'énerve quand on le fait répéter, car sa voix n'est plus toujours placée, je veux dire audible", développe Anthony Delon. "Parfois, il est là, parfois ailleurs, il y a des jours avec et des jours sans (...). Il se rend compte, et il oublie, se réfugie dans ses pensées. La majeure partie du temps, on ne sait pas vraiment ce qui se passe dans sa tête", poursuit son frère Alain-Fabien.

Huit mois avant son décès, bénéficiant de lourds traitements, Alain Delon est placé "sous sauvegarde de justice" par un juge des tutelles. Le magistrat désigne un mandataire judiciaire, qui doit assister l'acteur "pour son suivi médical" et quant au choix des soignants concernés. Au printemps, la mesure est convertie en "curatelle renforcée", pallier supplémentaire qui le prive de la liberté totale de gestion de ses biens" et permet de prendre certaines décisions sur sa prise en charge médicale.

La mesure est qualifiée "d'excessive" à l'époque du côté de sa fille Anouchka Delon. "Il n'a pas perdu la tête", il "regarde l'actualité, il s'exprime", affirme alors son avocat Frank Berton. En avril, il signait lui-même la préface d'un livre qui lui était consacré ("Alain Delon, Amours et Mémoires", de Denitza Bantcheva). "L'amour m'a toujours porté à me dépasser", écrit Delon dans ce livre, où il confie avoir voulu "être le meilleur, le plus beau, le plus fort".

"Si je dois mourir demain, écrivait l'acteur, Dieu fasse que ce soit d'amour, et en paraphrasant Musset, j'aimerais que l'on dise de moi : 'il a souffert souvent, il s'est trompé quelquefois, mais il a aimé. C'est lui qui a vécu et non point un être factice créé par son orgueil et son ennui'".