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Nancy : 30 ans de réclusion pour une mère qui a tué ses deux enfants

Europe 1 avec AFP // Crédit photo : Loïc Venance/AFP . 3 min
 Image d'illustration.
Image d'illustration. © Loïc Venance/AFP

Pour avoir tué ses deux enfants de 9 mois et 2 ans et demi, Ingride Jesus Van Der Kellen a été condamnée à 30 ans de réclusion avec une période de sûreté de 15 ans. L'avocate générale avait requis la perpétuité avec 22 ans de sûreté ce vendredi matin.

Ingride Jesus Van Der Kellen a été condamnée à 30 ans de réclusion avec une période de sûreté de 15 ans, pour avoir tué ses deux jeunes enfants en 2022, vendredi par la cour d'assises de la Meurthe-et-Moselle.

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Cette ancienne chercheuse de 37 ans, titulaire d'un doctorat en sciences, encourait la perpétuité. Elle a été condamnée pour meurtres sur mineurs de moins de 15 ans et violences sur conjoint. Elle n'a manifesté aucune réaction à l'énoncé du verdict.

Perdue et dévastée, Ingride Jesus Van Der Kellen a redit combien elle aimait ses deux enfants et ne comprend toujours pas comment elle a pu les tuer, mais la perpétuité a été requise à son encontre vendredi aux assises de la Meurthe-et-Moselle.

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"Je veux juste dire que j'ai toujours aimé mes enfants. Je les aime encore plus que tout. Je ne sais pas pourquoi j'ai commis un tel acte, je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais. Je veux encore une fois demander pardon à toute la famille de mes enfants", a déclaré cette femme de 37 ans dans ses dernières paroles avant que les jurés se retirent pour délibérer.

Perpétuité et période de sûreté de 22 ans

Ses réponses jeudi soir aux questions de son avocate avaient déjà montré la détresse de cette ancienne chercheuse, titulaire d'un doctorat en sciences. Comment voyez-vous votre avenir ?, l'interroge alors Maître Sahra Amm. "Je veux mourir, c'est pas une vie, c'est de la survie.", répond elle. Combien estimez-vous mériter ?, poursuit encore l'avocate. "La perpétuité", rétorque l'accusée.

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La perpétuité, c'est justement la peine requise vendredi matin par l'avocate générale Elsa Pincet, avec une période de sûreté de 22 ans. "En matière d'infanticide, c'est une peine qui doit s'envisager", a estimé Elsa Pincet, précisant qu'elle demandait cette lourde peine pour la première fois de sa carrière. "C'est normal pour un infanticide, et a fortiori pour un double infanticide !"

"Un enfant n'est pas censé rester éternellement un enfant (...) et pourtant Emma n'aura jamais trois ans, Edwin ne marchera jamais", a encore requis l'avocate générale.

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"Au moment où elle tue ses enfants, elle gagne"

Pourquoi Ingride Jesus Van Der Kellen est-elle passée à l'acte ? La magistrate soulève deux hypothèses : la mère avait l'intention de se suicider et de ne pas abandonner ses enfants, ou souhaitait ainsi atteindre leur père.

L'avocate générale s'engage alors dans une démonstration à l'issue de laquelle elle tranche. "Au moment où elle tue ses enfants, elle gagne", estimant que l'accusée cherchait à faire souffrir Jean, son compagnon. Le passage à l'acte relève ainsi de la logique criminelle, d'après le ministère public qui ne retient pas l'abolition ou l'altération du discernement.

Jeudi, les experts psychiatres avaient rendu des avis opposés sur l'accusée, ancienne chercheuse de 37 ans. L'un des psychiatres estimait que son discernement était aboli au moment du passage à l'acte, ce que contestait le second expert.

"Moi je vous le dis, elle est déjà moribonde"

"Ces enfants-là, on leur a pris leurs petites vies", a de son côté insisté Maître Guillaume Royer, relatant la douleur des parties civiles, le père, les oncles et le grand-père des enfants étouffés le 15 février 2022, à Drouville. Il évoquera également le souvenir de la grand-mère, "morte de chagrin", à 73 ans, des suites d'une rupture d'anévrisme.

Et au coeur de la plaidoirie de Maître Royer, une attention pour Jean, le père et l'ex-compagnon anéanti : "L'accusée a cherché à le faire souffrir, non pas le 15 février mais depuis des années".

En défense, Sahra Amm plaide avant tout la détresse de sa cliente: "Depuis ce jour, elle est bloquée dans un schéma mental" et ne se pardonnera jamais d'avoir étouffé ses enfants, explique-t-elle. "Elle veut mourir. Moi je vous le dis, elle est déjà moribonde", poursuit l'avocate en référence aux cinq tentatives de suicide de l'accusée depuis son incarcération. "Je ne suis pas devin mais quelle que soit la peine qui soit prononcée, je doute qu'elle arrive au bout".

Maître Amm demande cependant aux jurés de ne pas condamner Ingride Jesus Van Der Kellen à la même peine que celle des tueurs en série.

Fragilité psychologique de l'accusée

Le 15 février 2022, l'accusée avait été interpellée au volant par les gendarmes, alors qu'elle venait d'étrangler ses deux enfants de neuf mois et deux ans et demi, récupérés à la mi-journée à la garderie.

Auparavant, elle avait essayé d'assommer son conjoint avec un marteau, après qu'il lui eut annoncé son intention de quitter le domicile familial avec les enfants en raison de l'alcoolisme de cette mère de famille.

Visiblement très fragile psychologiquement, l'accusée a fondu en larmes régulièrement au long des débats. Elle n'avait pas pu aller au bout de son interrogatoire mercredi et des soignants avaient dû intervenir et lui administrer un calmant. Ingride Jesus Van Der Kellen encourt la perpétuité et le verdict est attendu vendredi.