A l’occasion des 30 ans du sacre de François Mitterrand, le journaliste Jean-Pierre Elkabbach, s’est remémoré au micro de Pierre-Louis Basse, la soirée du 10 mai 1981, marquée par l’élection du premier président socialiste de la 5e République. Des résultats que Jean-Pierre Elkabbach annonce avec Etienne Mougeotte à la télévision ce soir-là. " Il n’y avait pas eu d’alternance en France depuis vingt-trois ans. On sentait monter dans le pays depuis longtemps quelque chose qui indiquait que peut-être le vent tournait en faveur du candidat de gauche qu’était François Mitterrand ", raconte Jean-Pierre Elkabbach, alors directeur de l’information d’Antenne 2.
Considérés par certains comme inféodés au pouvoir sous Giscard, Jean-Pierre Elkabbach et plusieurs de ses confrères sont alors dans une position délicate. "Nous savions bien, Mougeotte, Duhamel et moi que le soir du 10 mai tous les moindres gestes, les moindres mots seraient retenus contre nous. Nous nous sommes dits, si nous sourions trop on va vite nous reprocher d’avoir retourné notre veste, et si nous offrons un visage dramatique, on nous accusera de porter le deuil", confie-t-il.
"J’étais socialement mort, professionnellement mort", se rappelle-t-il :
Si l’élection de François Mitterrand a été fêtée et saluée par une grande partie des Français, elle marque aussi un tournant dans la carrière de Jean-Pierre Elkabbach, évincé de l’antenne après l’arrivée au pouvoir des socialistes. " C’est vrai qu’on change de trottoir, les gens promus par moi me désignent, j’étais socialement mort, professionnellement mort. Dans les émissions à l’époque de Michel Polac, on m’attaquait sans arrêt, il y en avait deux ou trois qui me défendaient (…) ", se souvient-il. Jean-Pierre Elkabbach livre son analyse de la situation. "Le système sous Mitterrand, au début, était comme sous Giscard, ou avant Pompidou ou de Gaulle, si vous étiez grillé dans le service, dans une chaine, vous étiez grillé partout, privé et public ".
Invité à donner son sentiment sur François Mitterrand, Jean-Pierre Elkabbach ne tarit pas d’éloges. " Il a été un grand Français, un grand personnage. Il a côtoyé et fabriqué l’histoire, il a souffert, il était couvert de blessures mais avec cette ambition de réussir ".