Contexte. Non, rien de rien, non, il ne se souvient de rien. Mardi, Jérôme Cahuzac a été entendu par la seconde fois par la commission d’enquête parlementaire chargée de mettre à jour d’éventuels dysfonctionnements au plus haut niveau de l’Etat dans la gestion de "son" affaire. Et l’ancien ministre du Budget a assuré "qu'il n'avait aucun souvenir" de la réunion entre lui, Pierre Moscovici, Jean-Marc Ayrault et François Hollande, le 16 janvier dernier. Une "perte de mémoire" qui a plus que du mal à passer auprès des élus UMP membres de la commission.
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"Cahuzaca raté son deuxième rendez-vous". Nathalie Kosciusko-Morizet est remontée. "Avec une grande constance, mais aussi avec une certaine arrogance, Jérôme Cahuzac, après avoir menti éhontément à la représentation nationale quand il était ministre, ment aujourd'hui par omission" à la commission, a ainsi taclé la députée UMP , mercredi matin, sur Europe 1. L'ex-ministre a aussi rappelé que l’ancien ministre, un hypermnésique - comme Nicolas Sarkozy - était réputé pour de tenir de long discours "d’une précision chirurgicale", sans note.
"Jérôme Cahuzac a raté son deuxième rendez-vous avec la commission, il avait l'occasion de faire toute la lumière sur cette affaire. Malheureusement, il a fait le choix d'une autre stratégie, celle des trous de mémoire", a de son côté regretté le député UMP Daniel Fasquelle.
Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes a quant à lui choisi l’ironie :
Une grande chance pour J.Cahuzac d'avoir démissionné à temps avec autant de "trous de mémoire"car il n'aurait pu faire le budget à venir— Lionnel Luca (@lionnelluca06) July 24, 2013
Ayrault, LA solution ? Au sortir de cette audition, plusieurs députés ont proposé d'"inviter" Jean-Marc Ayrault, la "seule solution" selon NKM pour percer le mensonge "par omission" de Jérôme Cahuzac. Philippe Houillon (photo) a lui aussi avancé "la nécessité, maintenant, d'entendre le Premier ministre". Georges Fenech et Daniel Fasquelle ont abondé dans son sens. Comme le président lui-même de la commission, le député UDI, Charles de Courson, qui juge que "peut-être qu'un certain nombre de nos collègues de l'actuelle majorité pensent qu'il serait bon d'auditionner le Premier ministre, ne serait-ce que pour qu'il nous explique est-ce que oui ou non la réunion du 16 janvier a eu lieu a l’Élysée et est-ce que Jérôme Cahuzac y était bien." Alain Cleys, député socialiste, donc de la majorité, est moins catégorique, se bornant à dire que "la commission doit prendre le temps de réfléchir".
Autre option sur la table : confronter l’ancien ministre du Budget à son ministre de tutelle de l’époque. "Puisqu'il y a une contradiction totale entre les déclarations de Cahuzac et celles de Moscovici, on ne peut pas faire l'économie de les entendre ensemble", a estimé Philippe Houillon. Cette option sera discutée et mis au voix mercredi par la commission.